Qu'est-ce qui fait qu'un livre qui n'apprend pas grand chose au lecteur, ni sur les éminents penseurs qui en constituent la substance essentielle, ni sur le niveau lamentable du débat dans nos sociétés contemporaines, mérite tout de même d'être lu?
C'est que, s'il ne nous apporte pas beaucoup sur ce qui fait sa thèse, il nous en dit long, paradoxalement, sur quelque chose dont il ne parle pas du tout : ce que doivent être les difficultés et les angoisses d'un journaliste qui occupe une place éminente dans un organe de presse qui contribue largement à créer le climat qu'il déplore dans son livre.
Quand Birnbaum déplore "l'orthodoxie dominante fixée par la gauche" et rappelle ce qu'écrivait Orwell sur les "étiquettes qu'il vous faut absolument éviter de vous faire coller (bourgeois, réactionnaire, fasciste)", quand il appuie sur le fait que "personne n'est à l'abri, même et surtout ceux qui voudraient se réclamer de la gauche sans endosser ses mensonges", n'est-ce pas de lui-même qu'il parle? n'exprime-t-il pas ici une douleur qu'il lui est interdit de faire voir en clair?
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