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Critique de Tiephaine


Un roman inspiré du personnage The Crow, avec de bonnes idées mais peu convaincant.

J'aime beaucoup le thème de l'esprit vengeur, et de ce côté, je suis assez bien servi avec les aventures de The Crow, que j'ai découvert quand j'étais adolescent. "Ce que dit le Corbeau" est le premier roman que je lis dans cet univers.

Si ce roman est honnête et divertissant, il lui manque un petit quelque chose pour le rendre vraiment bon. Il souffre d'un certain nombre de défauts qui m'amènent à le classer tout juste dans la moyenne.

Premièrement, la mise en place de l'histoire est extrêmement longue. Près des deux tiers du livre ne contiennent rien de plus que la présentation des personnages, de leurs ambitions, de leur contexte. Et le problème, c'est que la plupart des éléments présentés sont largement dispensables et n'apportent en fait rien à l'histoire elle-même. Pire on sent que les premiers chapitres sont une sorte de faux-départ, probablement un stratagème éditorial pour accrocher un lecteur qui autrement aurait pris ses jambes à son cou au bout de quelques dizaines de pages.

Deuxième principal défaut, cette fausse ambiance gothique, caricaturale et artificiellement entretenue par la multiplication de références goths, qui transforme ce livre en une sorte de théâtre burlesque avec ses personnages ridicules: le grand vilain psychopathe, le travesti arriviste, le comte vampire alcoolique, l'écrivain ambitieux qui trahit son mentor... Tout cela laisse une impression d'avoir croisé the Rocky Horror Picture Show avec l'ambiance gothique 19e (la vraie, littéraire, celle-ci) typique d'ouvrages d'Edgar Poe.

C'était pourtant une excellente idée que de croiser l'univers littéraire et intellectuel d'Edgar Poe avec cette mouvance gothique moderne, deux univers dissemblables qui ne peuvent que difficilement se croiser. Mais c'est là le troisième gros défaut de ce roman: l'omniprésence de l'auteur américain. le roman est bâti sur un dialogue entre l'univers de The Crow et l'univers de Poe, à travers l'incontournable poème The Raven (un jeu de mot qui vient de la confusion fréquente entre les corbeaux, ou crow en anglais, avec les corneilles, ou raven). le problème est que ce dialogue crée une cacophonie intellectuelle qui ne m'a fait ni retrouver Poe, ni The Crow.

Surtout, le classement de ce roman dans la collection "Terreur" est source d'une immense confusion. Je ne vois aucun élément de littérature horrifique dans ce livre. Il n'y a pas de suspens, l'aspect surnaturel n'est qu'à peine effleuré, la violence est passive (ce qui évite au moins les passages gores sans intérêt, un bon point)... On lit ce genre de roman pour s'endormir confortablement, mais pas pour se tenir éveillé en frémissant.

De bonnes idées, donc, mais dont le développement n'est pas à la hauteur de l'ambition, malgré une traduction agréable et une construction extrêmement classique qui permet une lecture sans accroc.
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