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Critique de bdelhausse


Wouaw... juste wouaw.

Mais encore?

L'Islande est coupée du monde. Les câbles qui amène l'Internet, les communications, le reste du monde n'opèrent plus. Via satellite, pas davantage de réaction. Plus d'avions n'arrivent. Plus de bateaux non plus. Les avions qui décollent (sans instruments) ou les bateaux qui partent ne reviennent plus. Mais pas de panique, les Islandais sont un peuple civilisé, moderne, responsable. On attend. Les jours, les semaines passent. Rien ne revient. Ni le WWW, ni les communications, ni le téléphone international, ni le reste du monde.

Du moins, c'est la version officielle.

Ajoutons que cet aléa "technologique" est arrivé alors qu'une partie du gouvernement se trouvait à l'étranger, et on a tous les ingrédients d'une prise de pouvoir, avec un chouette vernis démocratique dessus. Puis pour éviter (légitimement, semble-t-il) la panique et la peur, on va décréter l'état d'urgence, mettre en place un comité de sages (scientifiques) triés sur le volet et qui vont donner une justification scientifique aux décisions gouvernementales.

Il apparaît vite que l'opposition est muselée, surtout quand elle réclame des élections qui n'arrivent pas. Les milices se créent avec l'aval du gouvernement. le gouvernement est dissous dans l'indifférence générale. Les étrangers (c-à-d toute personne n'ayant pas des racines islandaises remontant aux vikings) finissent par être mis au ban de la société et finalement "encouragés" à partir en bateau rejoindre "leur pays"...

Soyons bien clair que depuis le début du "problème", on n'a que l'information officiellement donnée par le gouvernement, dont les actes sont pour le moins douteux, même s'ils semblent cohérents et logiques... Par exemple, quand on décide de ne plus financer la culture, ou quand un rapport tenu secret considère qu'on ne pourra nourrir que 200.000 personnes, alors que l'Islande en compte 350.000...

Le lecteur va suivre tour à tour les pas de Maria (islandaise d'origine sud-américaine, mère de Margret et d'Elias), de Hjalti (ex de Maria, journaliste et flirtant avec le pouvoir et Elin, la 1ère ministre faisant fonction), de Lefuir (son frère), de Margret (13 ans, qui va intégrer une bande de jeunes voyous)... En contrepoint du lent délitement de la société islandaise, qui retourne à son état médiéval, on a les réflexions d'un homme (dont on devine assez vite le nom, mais chut...), qui vit isolé et essaie de survivre en se cachant... C'est lui qui nous raconte l'histoire...

Et on assiste à une lente et irrémédiable descente aux enfers. Attentat, xénophobie, compromission, mensonges d'état, manipulations de l'opinion publique, violences, viols, meurtres... C'est horrible... mais tellement réaliste.

L'Islande est un bon choix. Une île, un peuple assez "pur", ou qui a fait de sa pureté un argument de vente... Mais c'est un prétexte, bien sûr. le propos de l'auteure est universel. Global. On a une charge féroce sur la perte de notre humanité, de nos valeurs. Et cela va vite, très vite. Je suis d'ailleurs fort étonné, dans les critiques que j'ai pu lire un peu partout sur le Net, les lecteurs limitent leur commentaire à la seule Islande, lisant cela comme un récit de SF déconnecté du réel... Eh, oh, on se réveille un peu ! On assiste partout en Europe -et dans le monde- à des murs, des lois de ségrégation (allocations refusées aux immigrés, par exemple), à des exclusions, des attitudes, à des réductions de budget subies par des associations indûment blacklistées, au rejet de la culture ou de la libre expression, à des agressions xéno- ou homophobes... Ce livre n'est vraiment pas de la SF... Vraiment pas. C'est une dénonciation, un appel à la vigilance.

J'ai adoré, mais vous vous en doutiez si vous m'avez lu jusqu'ici...
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