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Quand l'enfer est pavé de bonnes intentions…

L'île…simplicité d'un titre maintes et maintes fois utilisé…pouvant être aux trésors, mystérieuse…l'île…celle des gauchers, des âmes, des oubliés, des chasseurs d'oiseaux, du diable, du docteur Moreau, ou encore celle du jour d'avant…l'île de Robert Merle, celle de Vincent Villeminot, de Michael Fenris…Et celle de Sigridur Hagalin Björnsdottir dont il s'agit du premier roman, paru en 2018. L'île ici c'est l'Islande. Trouvé chez un bouquiniste j'ai été immédiatement attirée par la superbe couverture et le nom de cette auteure à la consonance toute islandaise. Sans en savoir plus, sans même lire la quatrième de couverture, je me suis donc embarquée sur cette île.

Première surprise L'île est un roman d'anticipation islandais, qui plus est un roman choral.
Le récit pose la question des conséquences et des capacités d'adaptation d'un pays coupé totalement du monde extérieur. En effet, du jour au lendemain, l'Islande est coupée du reste du monde, sans plus aucune connexion internet, plus aucun contact possible avec l'étranger. Aucun moyen de transport n'arrive de l'extérieur de l'île et les moyens de transport qui s'aventurent à l'étranger ne reviennent pas. Les causes de cet isolement ne sont pas connues, seules quelques hypothèses sont émises (problèmes de câbles sous-marins, incident nucléaire à l'extérieur de l'île, acte terroriste…). Nous ne savons même pas si le monde extérieur existe encore.
Mais au-delà des causes, ce livre va se focaliser sur les conséquences d'un tel isolement, conséquences multiples tant politiques, qu'économiques, ou sociétales…Comment réussir à nourrir toute la population, quelles cultures et élevages privilégiés, comment inciter la population à devenir agriculteurs ou pêcheurs, quel système économique adopté lorsque la monnaie ne vaut plus rien ? Comment se décide le destin d'une Nation ? Une poignée de personnes peut-elle décider d'un nouveau contrat social ? Multiples questions qui toutes se résument à la capacité d'adaptation du pays, nécessaire et vitale par le développement d'un mode de vie plus proche de la nature et le retour aux savoir-faire ancestraux.

La Première ministre prend le rôle de Présidente, le Président islandais étant alors en déplacement à l'étranger au moment de la survenue de l'isolement, et avec quelques politiciens met tout en place pour rassurer la population via des articles de journaux au ton calme vantant le retour à un mode de vie basé sur la sobriété et la débrouille, notamment en s'associant avec Hjalti, journaliste, qui va s'employer à présenter d'une certaine façon les faits et les décisions politiques à la population, d'une façon propice à l'acceptation…il va assurer une communication de propagande en réalité. Restrictions de nourriture et d'essence, résurgence des modes de vie anciens, développement d'un fort sentiment national, en voulant faire bien le gouvernement dérive peu à peu vers le fascisme et le rejet des étrangers, y compris des touristes alors coincés sur l'île. Hjalti découvre à la fin du livre l'envers du décor et le rôle qu'il a joué dans cette montée du nationalisme, découvre comment le pouvoir a su utiliser les médias, a su l'utiliser. Dans cette situation difficile, la solidarité lui semblait indispensable et donc la critique négative délétère, bien conscient que la moindre étincelle pouvait suffire pour que tout s'enflamme. Il a été en réalité l'objet d'un gouvernement utilisant des méthodes fascistes.

« Il ne comprend pas comment il est possible que les gens cultivés et intelligents qu'il fréquente quotidiennement, ces gens avec lesquels il assiste à toutes ces réunions et dont il partage les repas à la cantine, puissent être à l'origine de telles horreurs, d'un tel enfer, de cette violence sans limites, de cette famine et de cette merde ».

Le livre est ponctué d'articles de journaux mettant en valeur une certaine froideur et une neutralité dans les faits relatés dans le but de rassurer la population, ainsi que d'articles scientifiques qui convoquent l'histoire, celle avec un grand H, notamment l'histoire des civilisations, ainsi que quelques projections étayées de données chiffrées, des graphes, cynisme des statistiques lorsque le monde en réalité tombe peu à peu en déliquescence.

« Puis peu à peu, de menues choses se mettent à dérailler, une dent qui se brise dans l'un des rouages, un bitoniau se casse sans qu'on le remplace, le processus s'enraye et les chaînes de fabrication s'arrêtent. Les professeurs enseignent et les médecins soignent tandis que les magasins vide licencient leur personnel, les écrans de la Bourse sont désespérément muets, les agences de publicité et les cafés végètent, silencieux, dans ce désert. Nous assistons à la monté des prix des denrées de première nécessité et même si personne ne doit aller faire ses courses avec une brouette chargée de billets, nous en croyons à peine nos yeux quand nous voyons le prix affiché par le terminal de paiement pour un litre de lait, un pain ou un filet de pommes de terre. Nous tapons notre code secret les doigts tremblants, nous allons voir le comptable de l'entreprise qui nous emploie, il hausse les épaules et nous accorde une augmentation, les montant n'ont plus aucune importance, la couronne flotte en apesanteur (…) Peu à peu chacun se replie sur soi et sur les siens, nous offrons une douzaine d'oeufs ou un livre d'huile au gériatre, au policier, à la sage-femme qui accueille un nouveau-né».

Au-delà du processus décrit, le livre donne la parole tour à tour à plusieurs protagonistes dont Hjalti donc, mais aussi à Maria son ex-compagne d'origine espagnole qui tente de survivre avec ses deux enfants Elias et Margret et enfin à un homme mystérieux dont on lit les écrits, sorte de survivant à Svangi, fjord éloigné et hostile où il semble avoir trouvé refuge. Ces gens tentent de survivre dans ce monde devenu anormal. le fait de lier ces destinées faites d'espoirs, d'angoisses, d'erreurs et cette catastrophe rend le récit réaliste. Leurs voix alternées permettent d'enchaîner les chapitres, relativement courts ; quant à l'écriture, elle est fluide et agréable même si je l'aurais aimé plus poétique, du moins plus travaillée peut-être.

J'ai trouvé très intéressant le processus par lequel tout se délite et comment l'ile revient à un état originel, sans société, une île sur laquelle les hommes sont uniquement guidés par leurs instincts, leur nature originelle, sans plus de règles, plus d'éducation. Une île sur laquelle seul un retour aux sources permet d'espérer un avenir possible.

Plusieurs références me sont venues à l'esprit à la lecture de ce livre, des références éloignées pourtant mais qui toutes ont un lien avec cette idée d'un territoire coupé du reste du monde. J'ai pensé tout d'abord au livre autrichien le mur invisible de Marlène Haushofer, où un territoire est subitement isolé par un mur invisible et une femme se retrouve alors totalement seule, ne pouvant pas aller au-delà d'une certaine limite, se cognant littéralement à un mur invisible. Nous assistons à sa survie et à sa solitude. Mais là où de nombreux livres mettent en avant un seul personnage, ou une poignée de gens, coupés du reste du monde (sur une île ou pas), ici l'originalité tient au fait que c'est un pays dans son ensemble qui est totalement isolé. J'ai pensé également de façon surprenante au livre de Saramagole radeau de pierre dans lequel la péninsule ibérique se détache du continent européen, là encore en une métaphore de l'isolement… pour ensuite rejoindre l'Afrique il est vrai.

Nous pourrions parler de dystopie pour qualifier ce livre, mais selon moi ce n'est pas une dystopie, j'y vois plutôt une fable. Une fable politique sur les conséquences de l'isolement d'une part, mais aussi une fable qui nous montre que tout système peut changer, changement qui se fait souvent au prix de violence, d'abus de pouvoir, d'exclusion. Un livre qui fait réfléchir. Cette fable de l'isolement en ces temps de retour aux nationalismes, cette fable du changement total en ces temps de menace climatique imposant un changement radical qui ne viendra que lorsque nous n'aurons plus le choix, m'a troublée et beaucoup fait réfléchir…C'est certain L'île de Sigridur Hagalin Björnsdottir n'est pas une île où passer un bon moment de détente et de farniente, mais bien une fable qui fait réfléchir plus précisément à la disparition des civilisations par manque d'adaptation et qui donne envie de creuser le sujet.
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C'est par hasard que j'ai choisi ce roman islandais dans les nouveautés dernièrement arrivées chez mon libraire préféré. Et je ne le regrette absolument pas. Ce roman est une pure merveille que j'ai lu d'une traite. Impossible de m'extraire de cette dystopie du bout du monde. Imaginez que l'Islande soit coupée du monde extérieur et doive revenir à l'autarcie. Nous ne saurons jamais les causes de cet isolement, ni même si le monde extérieur existe encore. La société va devoir s'adapter et revenir à un mode vie plus proche de la nature. On image aisément, que ce bouleversement ne va pas se faire sans heurts et que tout le monde n'y survivra pas. Seul, un retour aux sources permettra d'espérer un avenir possible.
L'écriture est fluide, le rythme soutenu mais pas trop, les chapitres sont courts, entrecoupés d'articles de journaux pour mieux suivre l'évolution générale de la situation, parallèlement à l'histoire personnelle des différents protagonistes. le tout savamment dosé pour rendre l'action vraiment très efficace.
De plus, pour ceux qui connaissent un peu ce pays, on retrouve dans les descriptions, les paysages sauvages et la nature omniprésente, sans oublier les rues du centre de Reykjavik.
Ce premier roman est une véritable pépite que je recommande vivement.
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Livre masse critique de janvier qui a mis un peu de temps à me parvenir. Merci aux éditions Gaïa et à Babelio.
Du jour au lendemain l'Islande se retrouve isolée du reste du monde. D'ailleurs y-a-t-il un reste du monde ? Toutes les communications sont coupées aussi bien entrantes que sortantes. Aucun transport n'y parvient que soit bateaux, avions ou autres. Les missions d'exploration pour aller aux nouvelles ne rentrent pas.
Un groupe de pilotage est organisé afin de parer au plus urgent mais de jour en jour la situation se dégrade. L'Islande manque de beaucoup de chose pour s'autosuffire : elle ne peut prétendre faire vivre les quelques 320 000 habitants, plus quelques touristes. Les intellectuels, les artistes, sont contraints de retourner à la terre, de petits groupes de pilleurs se forment.
Mais de plus en plus de disfonctionnements apparaissent.
J'ai eu beaucoup de mal à me faire à l'idée du concept de départ.
L'histoire se divise en plusieurs et nous suivons surtout celle de Maria et de Hjalti en pleine séparation lors du début de l'ouvrage. Une fois admis les faits, je dois reconnaitre que le scénario tient bien la route mais c'est surtout lorsque la fille de Maria prend la tangente que j'ai littéralement été absorbé, lisant les dernières pages à la volée.
C'est un roman agréable à lire, le seul reproche est qu'il met beaucoup trop de temps à démarrer.
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Aujourd'hui, Maria vit sur ce rocher perdu aux confins de l'Atlantique Nord, dans une ville qui est peut-être la dernière ville du monde, Maria distribue à Elias et Margrèt assez de nourriture pour tenir jusqu'à la fin de la semaine.
Moments de survie, les mots se résignent à l'image de Maria, qui a de plus en plus de difficultés à percevoir ce que sera demain.
Il n'y a plus de mots pour imaginer la suite inéluctable des jours dans ce décor qui raconte la fin d'un monde cerné par des volcans.


Sigridur Hagalin Björnsdottir, une jeune journaliste islandaise lance ces propos démesurés, son pays se trouve brusquement coupé du monde. Elin le premier Ministre a t-elle les moyens d'enrayer cette descente aux enfers.
Nous voilà donc devant le défi lancé par cet ouvrage, face à la collapsologie. L'homme a poussé si loin sa dépendance aux technologies, qu'un simple petit grain de sable est capable de mettre le pays à feu et à sang.
Avec les ordinateurs une minuscule erreur de manipulation peut bloquer une voiture, qui se trouve en rade, ou un avion, un car ou un train..., Comme il m'est arrivé de voir ma voiture toute récente tomber en panne pour une batterie défectueuse.


Après avoir fêté les capacités de résistance des citoyens islandais et les idées lancées pour trouver la parade technologique, des citoyens planchent sur ce qui vient de se passer. Imaginez la mise en place d'une cellule de crise pour lancer une sorte de sursaut national.
"En temps de famine, l'unique objectif de l'être humain est la survie. L'ensemble de ses autres préoccupations est remisé, ses rapports sociaux sont entièrement gouvernés par un seul instinct : se nourrir."


Ce sont de vrais gilets jaunes qui s'avancent alors, les manifestants accusent les autorités d'incompétence et réclame comme par magie des élections.
"Le cerveau fabrique une hormone, de l'ocytocine, qu'il fabrique également pendant l'acte sexuel et chez une mère qui allaite son enfant. Un amour de nature chimique. La tendresse pardonne et supporte tout, mais la bienveillance est-elle encore présente".

Le groupe de pilotage du gouvernement vit une l'illusion de pilotage. de pilotage, il n'y en a pas. Par contre c'est un attentat qui vient frapper ce qu'il y a de plus fondamental la culture. 67 personnes ont péri, la plupart, des membres de l'orchestre symphonique d'Islande, le plafond qui s'effondrait sous leurs yeux, Maria est blessée.
Une tuile, quand s'égraine une suite de petites catastrophes et la situation dérape.


Elin rit, ouvre grand ses bras, attrape la main de l'économiste et la lève bien haut, ensemble, nous en sommes capables ! Nous l'avons fait jadis.
Il faudra bien qu'ils redeviennent réalistes Sigridur Hagalin Björnsdottir, dicte à Elin le tri des Islandais , et le renvoi sur des bateaux de fortune, tout ce que le pays avait recueilli comme étranger, y compris Maria la violoncelliste.


Tout est prêt pour se sauver ensemble du cataclysme, comme tout est prêt pour s'effondrer devant l'impuissance des leaders à s'entendre.
Quoi de plus actuel que de proposer cette réflexion au monde littéraire d'aujourd'hui.

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Wouaw... juste wouaw.

Mais encore?

L'Islande est coupée du monde. Les câbles qui amène l'Internet, les communications, le reste du monde n'opèrent plus. Via satellite, pas davantage de réaction. Plus d'avions n'arrivent. Plus de bateaux non plus. Les avions qui décollent (sans instruments) ou les bateaux qui partent ne reviennent plus. Mais pas de panique, les Islandais sont un peuple civilisé, moderne, responsable. On attend. Les jours, les semaines passent. Rien ne revient. Ni le WWW, ni les communications, ni le téléphone international, ni le reste du monde.

Du moins, c'est la version officielle.

Ajoutons que cet aléa "technologique" est arrivé alors qu'une partie du gouvernement se trouvait à l'étranger, et on a tous les ingrédients d'une prise de pouvoir, avec un chouette vernis démocratique dessus. Puis pour éviter (légitimement, semble-t-il) la panique et la peur, on va décréter l'état d'urgence, mettre en place un comité de sages (scientifiques) triés sur le volet et qui vont donner une justification scientifique aux décisions gouvernementales.

Il apparaît vite que l'opposition est muselée, surtout quand elle réclame des élections qui n'arrivent pas. Les milices se créent avec l'aval du gouvernement. le gouvernement est dissous dans l'indifférence générale. Les étrangers (c-à-d toute personne n'ayant pas des racines islandaises remontant aux vikings) finissent par être mis au ban de la société et finalement "encouragés" à partir en bateau rejoindre "leur pays"...

Soyons bien clair que depuis le début du "problème", on n'a que l'information officiellement donnée par le gouvernement, dont les actes sont pour le moins douteux, même s'ils semblent cohérents et logiques... Par exemple, quand on décide de ne plus financer la culture, ou quand un rapport tenu secret considère qu'on ne pourra nourrir que 200.000 personnes, alors que l'Islande en compte 350.000...

Le lecteur va suivre tour à tour les pas de Maria (islandaise d'origine sud-américaine, mère de Margret et d'Elias), de Hjalti (ex de Maria, journaliste et flirtant avec le pouvoir et Elin, la 1ère ministre faisant fonction), de Lefuir (son frère), de Margret (13 ans, qui va intégrer une bande de jeunes voyous)... En contrepoint du lent délitement de la société islandaise, qui retourne à son état médiéval, on a les réflexions d'un homme (dont on devine assez vite le nom, mais chut...), qui vit isolé et essaie de survivre en se cachant... C'est lui qui nous raconte l'histoire...

Et on assiste à une lente et irrémédiable descente aux enfers. Attentat, xénophobie, compromission, mensonges d'état, manipulations de l'opinion publique, violences, viols, meurtres... C'est horrible... mais tellement réaliste.

L'Islande est un bon choix. Une île, un peuple assez "pur", ou qui a fait de sa pureté un argument de vente... Mais c'est un prétexte, bien sûr. le propos de l'auteure est universel. Global. On a une charge féroce sur la perte de notre humanité, de nos valeurs. Et cela va vite, très vite. Je suis d'ailleurs fort étonné, dans les critiques que j'ai pu lire un peu partout sur le Net, les lecteurs limitent leur commentaire à la seule Islande, lisant cela comme un récit de SF déconnecté du réel... Eh, oh, on se réveille un peu ! On assiste partout en Europe -et dans le monde- à des murs, des lois de ségrégation (allocations refusées aux immigrés, par exemple), à des exclusions, des attitudes, à des réductions de budget subies par des associations indûment blacklistées, au rejet de la culture ou de la libre expression, à des agressions xéno- ou homophobes... Ce livre n'est vraiment pas de la SF... Vraiment pas. C'est une dénonciation, un appel à la vigilance.

J'ai adoré, mais vous vous en doutiez si vous m'avez lu jusqu'ici...
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L'ile, c'est l'Islande.
Du jour au lendemain l'Ile est coupée du monde. Plus de bateaux, plus d'avions, plus de communications internet. Plus rien n'arrive ni ne repart de l'Ile.
Qu'est-il arrivé au reste du monde ? Nul ne sait !
Le président islandais est parti à l'étranger avant ce grand silence. La première ministre le remplace. Elle s'assure les services de Hjalti , un journaliste afin de faire passer ses idées à la population, ( ça fleure la propagande). Des idées, il va en falloir pour trouver des solutions pour survivre !.
On commence par supprimer le budget culture, puis celui de quelques universités dites " superflues".
Il y a longtemps l'Islande a vécu en autarcie il faut donc revenir à la terre. Labourer, semer, récolter.
L'ile doit redevenir autosuffisante. Reste deux solutions :"régression et simplification ou extinction" !
Il faut tirer les leçons des expériences cambodgiennes, chinoises, et à la lumière de l'Histoire inventer de nouvelles règles pour résister.
"Nous n'avons pas peur.
Nous n'avons rien à craindre.
Nous vivons sur cette île depuis presque mille deux cent ans et nous nous sommes toujours suffit à nous même.... Nous nous serrons les coudes, nous nous acquittons des tâches nécessaires, nous faisons ce qu'il faut faire. Allez, l'Islande !"
Mais voilà l'Islande est surpeuplée par rapport à "avant". Il y a des étrangers, des touristes, c'est beaucoup de monde à nourrir. Ceux-là il faut les mettre à part. Des méthodes fascistes émergent, la police aidée par les" sauveteurs ", sorte de miliciens, va faire respecter l'ordre.
C'est un roman choral. On regarde ce désastre avec les yeux
de Hjalti, le journaliste,
de Maria son ex compagne espagnole et artiste,
de Leifur, un médecin,
d'Elin la ministre,
de Margaret, la fille rebelle de Maria,
d'un historien,
et du mystérieux Svangi qui se souvient du déroulement de toute cette histoire...
Un livre passionnant qui met en exergue la difficulté à vivre ensemble quand tout a "déraillé" dans une société jusqu'alors bien organisée.
Plus qu'un roman dystopique, c'est une bonne analyse des rapports humains. Comment ne pas être individualiste quand on commence à avoir peur, faim , à perdre ses repaires ?
J'ai aimé cette façon d'avancer dans une réflexion qui part de "on a tout" et qui arrive à "que faire quand il n'y a plus grand chose".
Écrit dans un style efficace.


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L'île, premier roman de la journaliste Sigridur Hagalin Björnsdottir, est une dystopie. Dont les thématiques paraîtront familières aux amateurs de fantastique et à ceux qui ont lu par exemple le village évanoui de Bernard Quiriny ou vu l'excellent film autrichien le mur invisible. du jour au lendemain, un pays entier, L'Islande, se retrouve coupé du reste du monde. Aucun moyen de communication ne fonctionne vers l'extérieur. Les avions et les bateaux qui ont quitté le territoire ne donnent plus signe de vie. L'Islande est-elle désormais seule au monde après l'apocalypse ? le roman n'en dira rien, l'intérêt de l'auteure est ailleurs, dans la façon dont toute une nation réagit, en état d'urgence, revenant à un mode de vie ancestrale, privée de matières premières et d'énergies importées. C'est en ce domaine que le roman est le plus passionnant, dans l'analyse politico-économique et sociale de la situation avec l'émergence d'une dictature, le rejet des populations étrangères (des milliers de touristes sont pris au piège), le retour de la famine et la fuite des villes vers les campagnes. Pour faire court, le chaos règne et les plus faibles et les moins organisés sont voués à la disparition. le livre évoque quelques destins individuels, au milieu de cette géhenne. Cette partie-là est relativement décevante, ne serait-ce que par sa construction, guère fluide, et la présence de nombreuse ellipses qui rendent la psychologie des personnages assez peu logiques. L'île n'en reste pas moins un roman captivant qui plonge assez profondément, et sans concession, dans les racines et l'âme islandaises. Comme une véritable leçon géographique, historique et sociologique.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Imaginons une ile éloignée de tout autres terres habitables, plantée au milieu d'un océan, peuplée de quelques 300 000 habitants, et un peu plus, frappée par les vents, la pluie, le froid, la neige, mais aussi animée par les aurores boréales et chauffée par géothermie.
Imaginons cette ile, au peuplement et à la culture millénaire, brutalement plongée dans un isolement absolu.
Ce scénario d'anticipation, écrit en 2016, publié en France en 2018, nous semble aujourd'hui, en 2022, assez proche du possible.
L'accroche est finement pensée et posée. le personnage principal, Hjatli, vit isolé au fond d'un fjord, dans sa ferme, Svangi, où il élève tant bien que mal, une douzaine de brebis, accompagné de sa chienne Tyra. Il s'adresse au lecteur comme un témoin de sa vie, de son passé...
Les chapitres suivants sont les retours en arrière sur ce qu'aura vécu Hjalti, duranT les derniers mois. Apparaissent les personnages secondaires : sa compagne, son ex-compagne, Maria, violoniste, ses enfants, une relation Elin, ministre, politicienne ambitieuse.
Les chapitres sont consacrés alternativement à ces personnages, on ajoute Margret, la fille de Maria, qui prend une importance au fur et à mesure.
Autour de la problématique : l'autarcie est-elle réalisable et vivable ? Comment vivre en étant coupé totalement du monde, et pour une durée indéterminée ?
J'ai débuté la lecture avec une curiosité positive, comme si une énigme était à résoudre. Impatiente de découvrir la multiplicité des actions/réactions des différents personnages, comme un thriller, suspendue aux réponses que ne manquerait pas de m'apporter l'auteure.
Je suis restée suspendue. Les personnages sont touchants.
L'écriture est soignée et propre, malgré l'absence de repères pour les dialogues. Mode ? Facilité ? Et quelques répétitions.
Suspendue à espérer autre chose que des attendus stéréotypés. Sans dévoiler toutes les facettes des situations et des personnages, voici les clichés décevants :
- Les ados, junkies, drogués, alcoolisés, accros au sexe, au jeu, à la bagarre, égoïstes, autocentrés, rejetant tout mais ne construisant rien ,
- Sauf l'une qui aura une attitude salvatrice, bienfaitrice, purificatrice, pour elle-même et pour de jeunes enfants,
- le journaliste corrompu qui gravite autour du pouvoir puis part connaître la rudesse de la vie en solitaire, la survie, elle aussi salvatrice ;
- La journaliste intègre qui perd son emploi ;
- La négation de la culture (via la musique, via la compagne du journaliste qui se corrompt) ;
- Un gouvernement incompétent, menteur, hors sol, corrompu et corrupteur, mais résolument optimiste.
- Qui cache son incompétence en mettant en place un comité d'experts chargé de résoudre les problèmes techniques à l'aide de statistiques optimistes ;
- Et des experts convaincus que la haute technologie sauvera leur monde ;
- Des milices et des contre-milices ou des gardiens de l'ordre auto-proclamés qui tuent et s'entretuent ;
- Des petits malins profiteurs
- des utopistes, crédules, qui se font exterminer, trop naïfs !
- des gourous abusant des précédents ;
- un petit monde débarrassé des étrangers (ceux qui mangent notre pain et respirent notre air) ;
- tout cela baigné dans un patriotisme, un nationalisme exacerbé, pavé de haines….
Enfin, l'auteure n'apporte pas – à mes yeux – de réponses sauf à constater que l'état n'a plus ni pouvoir, ni autorité, que la solution individuelle (ni collective, ni étatique, ni même sociétale) serait une issue. Mais quelle issue ? Coincé au fond d'un fjord, dans une ferme introuvable.
C'est avec ce message apocalyptique, noir, sombre, désespéré, sans une particule de lumière que j'ai refermé ce livre, soulagée d'en avoir fini.
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Du jour au lendemain, l'Islande se trouve coupée du reste du monde : plus de communication internationale, plus d'avions, plus de bateaux, rien...
Une autarcie forcée. Pourquoi ? Comment ? Que s'est-il passé ? le reste du monde existe-t-il encore ?
Tant de questions qui resteront sans réponse...
Le gouvernement va organiser la survie. Des milices sont créées, le modèle islandais des ancêtres remis au goût du jour, les étrangers conspués...
Une étrange impression de déjà vu...

Cette dystopie tient vraiment en haleine. On cherche à comprendre, on espère pour ces personnages qu'ils prennent conscience, qu'ils s'éveillent...
Le style est plutôt fluide, un petit bémol sur les dialogues qui sont complètement perdu dans le récit, ce qui m'a parfois fait perdre le fil de la lecture.
Néanmoins, le récit est captivant et bien amené.
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L'Islande est soudainement totalement coupée du monde extérieur. Plus personne ne peut y entrer ni en sortir. Aucune information sur le monde extérieur. Existe-t-il encore d'ailleurs ?
Les familles, les amis sont sans nouvelles de l'étranger.
Face à cette situation inédite, une jeune ministre , Elin, prend les choses en mains et utilise les "bonnes " vieilles recettes qui ont fait leurs preuves pour établir un régime, qui sous des dehors riants, n'est rien moins que fasciste.
Propagande vantant un passé soigneusement toiletté, exaltation du patriotisme, xénophobie, utilisation d'experts dont on évacue certaines affirmations gênantes (il n'y aura pas à manger pour tout le monde), tout ceci entraîne évidemment l'apparition de la violence dont le pouvoir use avec habileté.
Récit polyphonique, L'île nous présente plusieurs points de vue qui permettent d'envisager un panorama suffisamment large de la société. Si la violence est présente, elle est plutôt suggérée mais la tension n'en est que plus intense. Un roman anxiogène qui résonne particulièrement ce moment.
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