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Critique de ASAI


ASAI
30 septembre 2022
Imaginons une ile éloignée de tout autres terres habitables, plantée au milieu d'un océan, peuplée de quelques 300 000 habitants, et un peu plus, frappée par les vents, la pluie, le froid, la neige, mais aussi animée par les aurores boréales et chauffée par géothermie.
Imaginons cette ile, au peuplement et à la culture millénaire, brutalement plongée dans un isolement absolu.
Ce scénario d'anticipation, écrit en 2016, publié en France en 2018, nous semble aujourd'hui, en 2022, assez proche du possible.
L'accroche est finement pensée et posée. le personnage principal, Hjatli, vit isolé au fond d'un fjord, dans sa ferme, Svangi, où il élève tant bien que mal, une douzaine de brebis, accompagné de sa chienne Tyra. Il s'adresse au lecteur comme un témoin de sa vie, de son passé...
Les chapitres suivants sont les retours en arrière sur ce qu'aura vécu Hjalti, duranT les derniers mois. Apparaissent les personnages secondaires : sa compagne, son ex-compagne, Maria, violoniste, ses enfants, une relation Elin, ministre, politicienne ambitieuse.
Les chapitres sont consacrés alternativement à ces personnages, on ajoute Margret, la fille de Maria, qui prend une importance au fur et à mesure.
Autour de la problématique : l'autarcie est-elle réalisable et vivable ? Comment vivre en étant coupé totalement du monde, et pour une durée indéterminée ?
J'ai débuté la lecture avec une curiosité positive, comme si une énigme était à résoudre. Impatiente de découvrir la multiplicité des actions/réactions des différents personnages, comme un thriller, suspendue aux réponses que ne manquerait pas de m'apporter l'auteure.
Je suis restée suspendue. Les personnages sont touchants.
L'écriture est soignée et propre, malgré l'absence de repères pour les dialogues. Mode ? Facilité ? Et quelques répétitions.
Suspendue à espérer autre chose que des attendus stéréotypés. Sans dévoiler toutes les facettes des situations et des personnages, voici les clichés décevants :
- Les ados, junkies, drogués, alcoolisés, accros au sexe, au jeu, à la bagarre, égoïstes, autocentrés, rejetant tout mais ne construisant rien ,
- Sauf l'une qui aura une attitude salvatrice, bienfaitrice, purificatrice, pour elle-même et pour de jeunes enfants,
- le journaliste corrompu qui gravite autour du pouvoir puis part connaître la rudesse de la vie en solitaire, la survie, elle aussi salvatrice ;
- La journaliste intègre qui perd son emploi ;
- La négation de la culture (via la musique, via la compagne du journaliste qui se corrompt) ;
- Un gouvernement incompétent, menteur, hors sol, corrompu et corrupteur, mais résolument optimiste.
- Qui cache son incompétence en mettant en place un comité d'experts chargé de résoudre les problèmes techniques à l'aide de statistiques optimistes ;
- Et des experts convaincus que la haute technologie sauvera leur monde ;
- Des milices et des contre-milices ou des gardiens de l'ordre auto-proclamés qui tuent et s'entretuent ;
- Des petits malins profiteurs
- des utopistes, crédules, qui se font exterminer, trop naïfs !
- des gourous abusant des précédents ;
- un petit monde débarrassé des étrangers (ceux qui mangent notre pain et respirent notre air) ;
- tout cela baigné dans un patriotisme, un nationalisme exacerbé, pavé de haines….
Enfin, l'auteure n'apporte pas – à mes yeux – de réponses sauf à constater que l'état n'a plus ni pouvoir, ni autorité, que la solution individuelle (ni collective, ni étatique, ni même sociétale) serait une issue. Mais quelle issue ? Coincé au fond d'un fjord, dans une ferme introuvable.
C'est avec ce message apocalyptique, noir, sombre, désespéré, sans une particule de lumière que j'ai refermé ce livre, soulagée d'en avoir fini.
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