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Critique de florencem


La couverture de Mon voisin est un ours était trop mignonne pour passer à côté, sans compter le titre qui personnellement m'a tout de suite fait de l'oeil. Kim du blog Kimysmile que je suis avait donné un avis très positif sur cette romance, et quand il s'agit de ce genre là, je lui fais entièrement confiance. Bien m'en a pris, j'ai passé un excellent moment avec Timothy et Annabelle.

Déjà, sachez qu'en lisant Mon voisin est un ours, vous risquez : 1) d'avoir une folle envie de galettes bretonnes, 2) de courir réserver un séjour dans cette belle région. Moi, personnellement, j'ai déjà acheté le nécessaire pour cuisiner les dites galettes. Mily Black et Déborah Guérand nous vendent donc bien la Bretagne, mais pas que. Si à première vue, je m'attendais à une comédie romantique, il n'en est rien pour moi. Oui, il y a de l'humour et un peu de légèreté, mais avant tout, ce sont des histoires de reconstructions que l'on découvre à travers les yeux de Timothy et Annabelle.

Nos deux héros, dont les points de vue s'alternent, s'installent en Bretagne pour un nouveau départ. Annabelle a fui un petit ami pervers narcissique qui l'a détruite psychologiquement. Elle cherche à se reconstruire loin de l'horreur qu'elle a quittée et qui la hante encore. Timothy lui se retrouve avec la garde exclusive de sa fille, Julie une adolescente de treize ans, et c'est aussi pour lui l'occasion de faire table rase. Son ex-femme ainsi que son père ont laissé des traces chez ce quarantenaire qui même s'il a toujours fait front a lui aussi gardé des marques de son passé. Les deux auteurs nous offrent dans Mon voisin est un ours le début d'une renaissance, et la rencontre de deux êtres malmenés par la vie qui pourront peut-être refaire surface grâce à une rencontre « électrique ».

Pas de pathos, pas de dépression au fil des lignes. Je vous l'ai dit même si pour moi ce n'est pas une comédie romantique, ce roman est plein d'espoir et de tendresse. Mily Black et Déborah Guérand se focalisent sur l'après, même si comme nos deux héros nous allons revivre certains événements du passé pour mieux comprendre leurs états d'esprit. Et j'ai aimé cette façon d'amener les différents sujets abordés. La maltraitance psychologique a encore du mal à être reconnue et entendue. On ne se doute pas assez de l'importance des mots que l'on prononce à un autre. Certains s'en délectent, d'autres n'ont conscience de rien. Mais il n'en reste pas moins que les mots font mal. Et ici, on en comprend toute la dimension, surtout avec Annabelle. Voir l'impact des réflexions de son ex sur sa vie de tous les jours est oppressant d'une certaine manière. Il a détruit une partie d'elle, et c'est tout un processus qui s'enclenche pour sortir de cet engrenage. Timothy lui a subi des remontrances très jeune, d'abord avec son père puis son ex-femme. On ne peut pas comparer les deux événements, mais on voit aussi clairement que certaines choses le font partir au quart de tour, car pour lui synonyme de souffrance. Et c'est dur de voir leurs démons ressortir, mais ce sont également des personnages solaires qui ont cette étincelle qui, on le sait, leur permettra de s'en sortir.

Et c'est là toute la beauté du roman. Une rencontre, une amitié, une complicité, une renaissance. le parcours est long et il n'y a pas de rémission totale au bout du chemin, car cela pourrait durer toute une vie, mais cette relation qui se forme entre nos deux héros est attendrissante, parfois drôle, et touchante. Les mots peuvent également faire du bien, panser les coeurs. Difficile de ne pas s'attacher d'ailleurs à Timothy, Annabelle et Julie. Trois personnalités fortes et mordantes, mais aussi adorables. La romance n'est pas tout le temps au centre de l'histoire, tout comme la reconstruction d'Annabelle, nous avons aussi un père et une fille qui ont besoin de se retrouver et de comprendre ce qu'ils ont besoin. Julie et Tim sont un duo d'enfer. J'y retrouve l'écho de la relation que j'ai avec mon propre père, et j'ai souri autant dans les moments complices que dans les drames que subissent les Kermarrec.

Les personnages secondaires sont aussi des pépites, et je ne parle ici que de ceux que je classerai dans la catégorie « alliés ». La mamé de Tim est un sacrée bout de femme que j'adorerai rencontrer. Certains clients d'Annabelle sont des perles, compréhensifs, attentifs et gentils tout plein. le meilleur ami de Tim et sa famille sont pour moi parfaits, tout comme Maïwenn et son franc parlé. Et j'en oublie…

Mais derrière tout cela, il y a aussi de la colère. J'en ai ressenti beaucoup et étrangement, ceux qui m'ont le fait le plus sortir de mes gonds n'étaient pas les bourreaux qui me faisaient, eux plus pitié qu'autre chose. Non, les proches qui ne veulent rien entendre. Les proches qui se taisent. Les proches qui accusent les victimes de faire un caprice. Les proches qui vous mettent plus bas que terre alors que vous chercher une main tendue. C'est malheureusement aussi une réalité, mais c'est quelque chose que j'ai du mal à concevoir… Pour moi, le pardon n'est plus possible face à cela. Alors oui, ressentir cette colère n'était pas agréable, mais c'est aussi la preuve que j'ai été touchée. Les auteurs ont également choisi de nous montrer cette aspect là, et je pense sincèrement que c'était un excellent choix, car sinon tout aurait été trop lisse.

Mon voisin est un ours est une très jolie romance, une histoire de reconstruction, d'acceptation aussi. Un roman qui prouve encore que les liens du sang ne font pas tout, et que c'est à nous de choisir les personnes qui nous font du bien.
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