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Critique de Saiwhisper


Après le dénouement bouleversant du second opus, je n'ai pas pu m'empêcher d'enchaîner avec « le choix d'aimer ». Cette lecture fut un peu moins bien que la précédente néanmoins, elle fut très intense psychologiquement. Je suis passée par plusieurs réactions au fil des chapitres. Il y avait de beaux messages ainsi qu'un large panel de thématiques abordées. de plus, j'ai trouvé que, encore une fois, Malorie Blackman avait bien travaillé les protagonistes, qu'ils soient héros ou personnages secondaires. On a vraiment la sensation d'une saga très complète avec un beau petit monde qui évolue sans cesse. Un régal ! Je ne pense pas me jeter directement sur la conclusion de cette série toutefois, je lirai le quatrième volet au cours du mois.

Le début fut assez perturbant. En effet, j'étais surprise de me retrouver seize ans plus tard, avec Callie Rose en héroïne principale. La belle métisse était en colère, pleine de rancoeur et de haine, notamment envers sa mère. Je me suis demandé si je n'avais pas loupé un épisode. Puis, l'auteure a commencé un va-et-vient entre présent et passé, afin de retracer l'enfance de la demoiselle et de mieux comprendre ce qu'il s'est passé. Si j'ai aimé l'idée de flashs-backs, j'ai, en revanche, eu du mal avec leur intégration. Ces bonds dans le temps arrivaient parfois soudainement au cours d'un chapitre, puis se terminaient sans que cela soit forcément très clair. Je pense que l'on aurait pu travailler la mise en page afin de ne pas être déstabilisé ou perdu…

Après m'être faite à ce ballet temporel incessant, j'ai fini par apprécier l'arrivée de nouveaux personnages secondaires. On notera par exemple le pétillant Tobey (le voisin et ami d'enfance de Callie), le révolté mais doux Lucas (un de ses amis), l'adorable Sonny (l'un des prétendants de Sephy) ou encore le délicat Nathan (idem). Les nouvelles personnalités féminines ne m'ont fait ni chaud ni froid car, hélas, elles n'ont pas spécialement été mises en avant. En revanche, la majorité des Femmes va avoir un grand rôle dans le scénario ! Ainsi, j'ai été agréablement surprise de la place ainsi que de l'approfondissement des deux grands-mères, Jasmine et Meggie. Elles sont devenues de personnes complexes, intéressantes, avec des défauts et des qualités. Quel plaisir de les voir enfin entrer en action ! J'espérais tellement que ce soit le cas dans « La couleur de la haine » que j'ai été sous le charme de leurs interventions.

Sephy est une narratrice qui m'a beaucoup touchée. Comme n'importe qui, elle va faire des erreurs, tout en faisant de son mieux. C'est une mère fragile, forte, protectrice, déterminée, attentive, humaine et mystérieuse. On comprend ses émotions ainsi que ses doutes au fil des années où sa fille grandit. Qu'il doit être difficile d'élever un enfant quand on a fait une lourde dépression post-natale, qu'on baigne dans la désillusion à cause d'une lettre crève-coeur et qu'on est rejeté par les deux clans (Primas/Nihils) ! Sephy a bien du mal à relever la tête et, malheureusement, ses états d'âme ou ses fantômes du passé ne sont pas les seules choses qui l'empêchent d'enfin refaire sa vie. Ajoutons à cela le secret sur la mort de Callum qui lui pèse… Elle n'ose pas dire la vérité à Callie, alors que celle-ci la réclame sans cesse. J'ai trouvé les réflexions de Sephy très intéressantes. La place de la musique et du chant, véritables exutoire pour elle, m'a également charmée.

Hélas, je n'ai pas du tout accroché au tempérament de Callie. Présentée comme quelqu'un d'aigri, rebelle, franc, pénible, râleur et obstiné, elle m'a donné l'envie de la gifler à plusieurs reprises. Je n'ai pas du tout réussi à m'attacher à elle, préférant même son entourage comme Tobey ou Lucas. Certes, ses peines étaient compréhensibles cependant, cela n'excusait pas forcément certaines de ses réactions. Jude, qui m'avait tant plu durant le second volet, va devenir un antagoniste caricatural. Creuser encore plus sa personnalité n'a pas été suffisant, car il a réellement incarné le « méchant » manipulateur buté, violent et sans amour qui n'a aucun remord, même face à sa famille. Seule la vengeance comptait. J'aurais espéré qu'on le nuance davantage, comme cela avait été autrefois le cas…

Un autre élément a fait que j'ai moins accroché à cette suite : le développement du monde encore trop flou. Pour une dystopie, c'est trop léger ! Apparemment, les années ont passé et on a assisté à plusieurs changements comme, par exemple, la possibilité aux Nihils d'être totalement scolarisés avec les Primas… On apprend qu'il y a eu des manifestations de la population, d'autres attentats à cause de la Milice, mais cela reste insuffisant. le métissage aurait pu être mieux exploité, car en toute logique, il ne doit pas y avoir que Callie Rose qui soit métissée. Que l'enfant soit le fruit d'un amour sincère ou celui d'un viol (la Milice n'a pas l'air réfractaire à cet acte…), j'aurais espéré voir d'autres métis ! Politiquement (un élément pourtant évoqué) c'est encore très trouble ! J'espère que « le retour de l'aube » palliera à ce problème.

Si vous n'avez pas peur des tragédies, des secrets de famille, des psychologies fouillées aux dépens du rythme, des triangles amoureux et des ambiances pesantes, alors cette saga devrait vous séduire. Pour ma part, même si je lui reconnais des défauts, je la trouve très intéressante, ne serait-ce que grâce à son large panel de thématiques abordées !
Lien : https://lespagesquitournent...
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