Toutes les semaines, tu me remets ça. On n'a rien sur le Maire. Les hommes politiques sont comme tout le monde. Ils ont des amis, des états d'âme, des histoires de cul, des ennemis sans parler des cadavres qui encombrent leurs placards. Une rumeur n'est pas un dossier. Si tu as ou si tu trouves des éléments, manie ça avec précaution. En vaudront ils la peine ? Parce que dès que tu le sortiras, ton putain de dossier, tu ne maitriseras plus rien et ça te pétera à la gueule, même si tes informations sont en béton.
J'avais trente-deux ans lorsque j'ai poussé la porte grise. L'homme en blanc m'avait conseillé de le faire depuis longtemps, mais il était trop tard, le temps avait passé, Dieu nous avait abandonnés et nous vivions un enfer depuis des mois. Nous étions à cinq jours de Noël. Ni Stéphanie ni moi n'avions dormi cette nuit-là. L'état de santé de Marie s'aggravait, plus aucun traitement n'agissait, elle partait doucement, et nous avec. (p.7)
Les hommes sont prêts à toutes les bassesses dans leur lutte pour le pouvoir. Vos amis d'aujourd'hui vous trahiront demain. Vos ennemis de toujours négocient avec vous et s'investissent pour prendre des voix à leurs anciens amis, contre la promesse d'un poste que vous ne leur donnerez jamais.
Vous savez, ne nous berçons pas d'illusions, dans nos loges on trouve les mêmes comportements - la haine, l'amour, la jalousie - que dans la vie profane. Les hommes ne changent jamais, mêmes maçons, mais nous avons l'espoir - la faiblesse diraient certains, je crois plutôt le courage - de penser qu'ils sont perfectibles. Nous avons pour cela besoin des meilleurs hommes, mais surtout pas de ceux qui veulent jouer aux francs-maçons, même et surtout s'ils se croient les meilleurs.