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Critique de michel.carlier15


Les morts sont les invisibles , mais ils ne sont pas les absents , disait Victor Hugo . C'est en partant de ce postulat qu'Anna Blandiana continue à s'exprimer avec son mari , décédé deux plus tôt , à travers cette poésie en vers libres ou sous forme de sonnets .
Car sa disparition physique ne signifie pas la fin des sentiments qui les unissent , l'autrice réinvente son amour pour son compagnon en s'adressant à lui comme s'il était encore présent : son décès ne fait que déclencher un nouveau départ .
C'est une forme de dialogue avec celui qui n'est plus là , transcendé par un amour éternel , la solitude n'est pas aussi prégnante qu'elle paraît :
"Les feuilles tombent ...
Y a-t-il des saisons chez vous aussi ?
Elles sont plus belles à terre
Que sur l'arbre .
Elles se font lumière
Lorsqu'en elles la mort prend feu
Comme une cathédrale
Qu'éclaire la flamme des cierges ."
Dans l'esprit de la poétesse , le temps n'a plus la même substance , il ne possède plus le même sens qu'avant la disparition de son mari . Cependant , l'intensité de ses sentiments ne faiblit pas , elle est sublimée par la spiritualité (sans aucun lien avec la religion) .
"Je me rappelle t'avoir demandé un jour
Si nous avions deux anges gardiens
Parce que , comme nous étions toujours ensemble
C'aurait été du gaspillage .
Un seul suffisait .
Il ne m'était pas venu à l'esprit
Que nous pourrions un jour être séparés "
Il ne faut pas perdre de vue que , pendant plusieurs mois avant la révolution qui eut lieu en 1989 contre la dictature de Ceaucescu , la maison de leur couple était surveillée en permanence par les services de sécurité . Ce qui eut pour conséquence que personne ne leur rendait visite , et que leur couple s'est renforcé davantage , est devenu encore plus solidaire (s'il en était besoin ) .
Le lecteur que je suis a vraiment été touché et ému par ces poèmes et cette histoire d'amour qui perdure au-delà de la mort . J'ai lu avec intérêt la version roumaine des poèmes (même si je ne possède que des rudiments de la langue) , ce qui permet d'apprécier la traduction rigoureuse de Jean Poncet .
Merci à Jacques André éditeur , à Anna Blandiana et à Babelio pour ce livre de poésie , une magnifique découverte .
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