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Critique de maylibel


À 22 ans, quatre ans après la mort de son frère aîné et de sa mère dans un accident de voiture, Jean-Philippe Blondel perd son père. Anesthésié de douleur, il finit par partir errer aux États-Unis avec sa compagne Laure et son ami Samuel, en direction de Morro Bay, sur les traces d'une chanson de Lloyd Cole qu'il écoute en boucle…
Ce récit m'a fichu une belle claque. Les premiers chapitres, très bien écrits, avec des phrases courtes mais évocatrices et des métaphores extrêmement justes (Par exemple : « Je ne réponds pas. Je laisse glisser. Je continue d'enchaîner les longueurs dans ma piscine intérieure et je fais attention à ce que le chlore ne rougisse pas mes yeux. » [p. 25]), m'ont beaucoup touchée. Jean-Philippe parvient à décrire avec réalisme mais sans pathos les affres du deuil, son côté insupportable. Il réussit même à évoquer avec distance et ironie sa situation sans espoir, comme dans ce très bel extrait : « C'est ridicule. Personne ne perd son frère et sa mère, puis quatre ans plus tard, son père – à l'âge de vingt-deux ans. Ça n'arrive jamais, ce genre de choses. Même dans les romans. Il y a une limite à l'indécence, quand même. le romancier plonge son héros dans la tragédie, il n va pas en rajouter une couche. Il est sur le point d'ajouter un troisième décès, et puis il se reprend : “Ah non, honnêtement, c'est impossible, il faut que je trouve autre chose.ˮ » (p. 27-28). Ce récit, à l'image de ces extraits, est l'un des textes les plus évocateurs que j'aie jamais lu sur le deuil, même si j'ai été moins convaincue par les derniers chapitres. Il permet de rencontrer au passage quelques personnages étonnants comme Rose, la pianiste américaine virtuose ou le « goguenard » Jean Échenoz. Un très beau livre, dévoré en une journée, qui m'a donné envie de lire l'intégralité de l'oeuvre de Jean-Philippe Blondel. À découvrir.
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