Citations sur Tolbiac Juillet, tome 1 : La fenêtre de Dieu (82)
Mathilde me pilonnait du regard. Son humeur était à la torture, elle aurait roulé un poussin dans du verre pilé
-Enchanté, Tolbiac Juillet.
-Tolbiac, comme le métro?
-Plutôt comme la rue.
-Je la connais mal.
-Moi très bien, j'y suis né.
-Vous me racontez?
-Déjà?
-Vous venez de m'embrasser.
-Aucun intérêt, c'est une histoire affreusement ennuyeuse.
Huit jours plus tard, un nouveau magicien débarquait. On m’expliqua qu'il ne fallait y voir aucune concurrence. Lui et moi devions trouver dans ce duo une émulation réciproque pour ajuster la prestation aux désirs de la nouvelle clientèle. Autrement dit, selon Ô Annabelle, grande prêtresse du divertissement, manager du grand tout, anthropologue chez Louboutin et sociologue du balai dans le cul, mon truc de maraudeur pointait avec trop d'évidence la dichotomie flagrante qui existait entre l'éthique du club et les mauvaises manières dont je me faisais le porte-drapeau. Elle m'avait pris entre quatre yeux. Quel exemple donnais-je aux enfants ? Que voler c'était drôle ? Qu'on pouvait être applaudi pour ça ? Que de victimes il n'était plus question, mais juste de dextérité et de technique ? Allons Tolbiac, tu es doué, prépare-nous un petit truc sympa, avait-elle conclu avant de se retirer. Le mouvement de ses lèvres, maquillées à la perfection, me fit l'effet d’avoir toujours un temps d'avance sur l'opprobre qu'elle me jetait au visage. C'était bien la première fois qu'un gloss à la framboise me vomissait dessus
Le gosse avait à peine une semaine qu’il pissait déjà sur Le Monde et chiait sur L'Humanité. Ça promettait. Du coup on l’a gardé.
Mesdames, Messieurs, je me présente, je m’appelle Tolbiac Juillet. Je suis une croche comme on dit dans le milieu. Un vide-gousset, un filou, un bonneteur, pour les anciens. Un enfoiré de voleur à la tire selon la police. Et un pickpocket, contre qui l'on met en garde dans le métro. Vous aurez beau dire, vous aurez beau faire, vous ne quitterez pas cette rame en possession de tous vos effets personnels. Ainsi va la vie. Et merci pour votre contribution. Si tu peux me casser la gueule ? Pas possible, compte tes doigts, ils sont déjà dans ma poche.
Je ne suis qu'une esquisse, je ne suis pas fou, juste trop flou pour aimer.
Le 31 juillet 1979, un nouveau-né est retrouvé abandonné dans un kiosque à journaux, rue Tolbiac à Paris. Un couple tenant un cabaret de magie, la Fenêtre de Dieu, l’adopte et le prénomme tout naturellement Tolbiac Juillet.
Tolbiac vivant dans cet univers d’enchantement devient magicien et pickpocket de génie à ses heures perdues. Il mène une vie tranquille, jusqu’au jour où tout bascule : il est happé par la cuvette des toilettes ! Il se retrouve 6 mois plus tard, assis autour d’une table un soir de réveillon en compagnie de sa future épouse et de ses parents biologiques. Dans cette nouvelle vie, il ne s’appelle plus Tolbiac mais Zéphyr.
Il découvrira pourquoi et comment il est arrivé dans ce kiosque à journaux alors qu’il n’avait que quelques heures, il fera bon nombre de découvertes dont une très importante : il n’était pas seul lorsqu’il a été retrouvé…
Ce roman est écrit en toute légèreté. Très agréable à lire, limpide, on rit parfois, on verse une petite larme à la fin. Je le recommande vivement !
Le gosse avait à peine une semaine qu'il pissait déjà sur Le Monde et chiait sur l'Humanité. Ça promettait. Du coup on l'a gardé.
Impuissant, Charlie assista à l’effondrement d'un pan entier de son monde arc-en-ciel. Mais il sécha aussi vite ses yeux qu'il enterra ses doutes. Sa vache à lui, elle n'était pas comme celle de son père. Il l'avait vu dans ses grands yeux aussi doux et inoffensifs que ceux d'une gazelle. Définitivement, rien ne justifiait le fait de ne pas avoir de prénom. Peu importe la durée et les vicissitudes de l’existence, sans prénom, l’âme se fossilise. Sans prénom on quitte le monde organique pour devenir minéral. Pour Charlie, sans prénom, on n’était ni plus ni moins qu’un caillou.
L'amour d'une mère se mesure aux accolades les plus silencieuses.