J'avais peur de
Léon Bloy à cause de sa conversion du socialisme révolutionnaire vers le christianisme réactionnaire sous la coupe de Barbey d'Aurevilly. Grosse erreur de ma part. L'écriture de
Léon Bloy n'a rien de celle d'un bigot et son style, exigeant, est riche et flamboyant. On sent le type prêt à taper sur tout le monde au mépris des conséquences.
Ces
Histoires désobligeantes sont souvent tragiques et
Léon Bloy nous les raconte avec une plume de glace d'où perle de l'acide et de l'humour noir. Sa technique est de nous peindre un tableau anodin de la bourgeoisie de la fin du XIXe siècle, avant de pointer l'horreur d'un détail en deux phrases bien senties. Les chutes sont de celles qu'on expérimente (qu'une seule fois) du haut du Preikestolen, c'est à dire d'une extrême brutalité. Mais les histoires importent peu, et ont d'ailleurs beaucoup vieilli ; il reste la manière fantastique de les raconter. Je comprends enfin pourquoi
Pierre Desproges appelait de ses voeux l'avènement d'un nouveau
Léon Bloy à la fin du siècle dernier !
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