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Critique de Berthelivre


Les livres se rencontrent, se croisent, coïncidences ou hasards, à moins que l'attention ne soit rendue plus sensible à un nom, à une époque, par les lectures précédentes. En décembre, je terminais « Par-delà l'oubli », histoire romancée de René Blum, le plus jeune des quatre frères de Léon. La dernière visite à la librairie, il y a deux jours, m'a conduite, je ne sais pas comment, à ce petit livre (110 pages comprenant une préface de Pascal Ory), souvenirs de Léon Blum de son dernier mois de détention par les Allemands, jusqu'au 30 avril 1945.
René avait été assassiné à Auschwitz plus de deux ans avant, Léon l'avait-il su ?

Léon Blum, en détention en France depuis septembre 1940, avait été transféré à Buchenwald comme « otage d'état » par les Allemands, début avril 1943. Il y avait passé les deux années suivantes, dans une maison à proximité du camp, avec sa femme qui l'avait rejoint délibérément, et avec Georges Mandel, otage comme lui, mais assassiné en juillet 1944.

La progression des armées alliées entraîne l'évacuation du camp de Buchenwald. Blum et sa femme sont emmenés en voiture le 3 avril 1945, à Ratisbonne, après une étape de quelques heures au camp de Flossenburg. Puis près de la frontière tchécoslovaque, à Schoenberg, où ils vont rester une douzaine de jours. C'est là qu'ils apprennent la mort de Roosevelt dont Léon Blum se sentait très proche. Ils en repartent le 16 avril pour Dachau. Ils y trouvent des personnalités venues de tous les horizons : un ancien ministre des Finances allemand, le Dr Schacht ; le chancelier autrichien, le Dr Schuschnigg ; un membre du service secret britannique, le capitaine Best, enlevé à La Haye ; trois généraux allemands plus ou moins impliqués dans l'attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler ; un officier de l'aviation soviétique, neveu de Molotov ; les fils du régent Horthy et du maréchal Badoglio...

Dachau est évacué à son tour, le 26 avril. « le dévidement du camp durait à coup sûr depuis de longues heures, car, lorsque nous nous engageâmes enfin sur la route, en profitant d'un intervalle entre deux colonnes, nous doublâmes pendant peut-être quinze kilomètres l'interminable défilé (...) C'est quelques jours plus tard que la 7e armée américaine devait ramasser les cadavres par milliers. » Léon Blum et sa femme arrivent à Innsbruck où ils rejoignent d'autres otages : « Nous sommes maintenant cent cinquante, de tous pays et de toutes conditions. Venus de toutes les prisons d'Allemagne, nous avons fini par converger vers ce camp sordide. de filtrage en filtrage, il s'est déposé là comme un résidu des adversaires les plus détestés, des sujets ou des vassaux les plus gravement suspects de trahison. Nous formons le dernier carré, le dernier bataillon des ennemis et des otages. »

Il y a encore un transfert avant la libération avec l'arrivée d'une division américaine. Une libération que ni Léon Blum ni sa femme, ni leurs compagnons n'osaient espérer, quasiment persuadés que les SS les exécuteraient tous, plutôt que de leur laisser une chance de recouvrer la liberté. Cette angoisse ne les a pas quittés pendant un mois, en particulier quand ils devaient quitter un lieu pour un autre : y arriveraient-ils vivants ou seraient-ils tués en route ?

Récit concis, clair, qui évite la grandiloquence et ne devient dramatique que dans le constat des traitements infligés aux déportés ou l'observation des souffrances des civils allemands.

La lecture de la préface de Pascal Ory est indispensable avant d'entrer dans le récit, pour ceux comme moi qui ont des incertitudes sur le déroulement des faits et sur les évènements de la vie de Léon Blum : rappel de ses écrits antérieurs et remise en contexte historique, éclairent parfaitement les écrits de ce « Dernier Mois ".

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