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Critique de Matatoune


Jeune écrivaine, Justine Bo choisit pour son cinquième roman, Alphabet, de raconter la violence du monde faite à Junon, sorte de double pour ce roman autobiographique, qui va lui permettre de reconquérir la maîtrise de sa vie.

Junon décide de refaire à l'envers la route vers le traumatisme dont elle garde trace dans sa personnalité sans qu'elle en est un souvenir précis. Elle se remémore la main intrusive, la chaleur du visage trop proche, ses jambes dans le vide mais un trou noir entoure la suite sans qu'elle puisse lever le voile qui trouble sa conscience. Normal, elle n'avait que cinq ans !

Néanmoins, même en mettant de la distance, même en rompant avec sa famille proche, Junon arrive à l'évidence qu'il faut qu'elle regarde en face le déséquilibre qu'elle ressent et qu'elle fasse le voyage pour chercher des réponses. Ce voyage se fait jusqu'en Grèce, pour retrouver un oncle par alliance.

Justine Bo décrit ce lent cheminement pour reconnaitre le trouble, comprendre qu'il devient indispensable de le considérer à sa juste place et décide de partir à la rencontre de cet homme qui l'a agressée. Dans sa quête, elle englobe l'histoire familiale depuis plusieurs générations, puisqu'il en fait partie. Et, la question du manque de protection devient lancinante.

Un énième roman sur l'inceste, direz-vous ! Oui, certes, mais doublée d'un objet littéraire d'une grande qualité. Les mots sont hachés, propulsés sur le papier pour dire la violence, l'effraction, la combustion dont Junon est victime. Les phrases sont scandées, hurlées, décortiquées mais très souvent gardent la poésie des sons et du sens.

Au delà de l'acte lui-même, interdit, les réactions des membres de la famille recouvrent une violence que Justine Bo montre parfaitement. Il y a vraiment un avant et un après la révélation. Plus rien ne sera comme avant. Une famille se disloque sous nos yeux. Mais, Junon a de la chance: ses parents, malgré leurs propres malveillances, vont la suivre, même si ils en ressortiront tous choqués à jamais !

Le sujet d' Alphabet est rude et insoutenable. L'écriture de Justine Bo est ample, allant chercher l'accusation directe pour redonner du souffle à son héroïne afin qu'elle cesse enfin de ressasser pour s'ouvrir à sa vie. Une réussite !
Merci à @NetGalleyFrance et @Editionsgrasset pour la découverte de #Alphabet de #JustineBo

Lien : https://vagabondageautourdes..
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