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Critique de berni_29


La folle allure, c'est une échappée belle, toutes voiles dehors. C'est la légèreté et le désir qui viennent dans nos pas.
C'est une robe d'été qui fait la nique à l'hiver.
C'est une invitation à être libre et vouloir le rester farouchement.
Il y a quelque chose d'aérien dans cette invitation totalement débridée, c'est comme marcher sur un fil tendu entre ciel et terre, ici les mots de Christian Bobin nous viennent comme des nuées d'oiseaux.
La folle allure, c'est l'art de la fugue, comme s'il fallait renaître à chaque battement de coeur, à chaque battement d'ailes, réinventer nos vies, changer de prénom, changer d'adresse...
La folle allure, c'est une manière de dire oui à la vie et de dire non aux cailloux qui s'incrustent dans nos souliers parfois trop étroits.
Dire oui à la joie, dire non lorsqu'elle s'en va.
Et puis se perdre dans le regard d'un loup...
Dans ce roman en forme de récit poétique, tout commence comme un conte de fées. Les fées se sont un jour penchées sur le berceau de Lucie et lui ont confiée les clefs de la cage d'un loup.
Les clés sont faites pour ouvrir les portes.
Les petites filles qui naissent et grandissent comme Lucie dans un cirque savent apprivoiser les loups, marcher sur un fil au-dessus du vide, s'approcher de la lumière comme les phalènes sans même se brûler les ailes, ou du moins presque jamais...
Elles vivent au jour le jour.
Demain ? Demain, on verra bien...
Les phrases de Christian Bobin dansent comme des phalènes dans la lumière fragile de l'existence. Elles nous invitent dans la cavale de Lucie, sous la ramure d'une érable plus que centenaire et fier au milieu du béton, dans la musique de Jean-Sébastien Bach qui s'enroule comme des vagues jetées sur le ponton du jour.
La mémoire d'un livre, c'est aussi son empreinte qui résonne longtemps après en nous. Longtemps après, moi aussi comme Lucie j'ai continué d'appeler Jean-Sébastien Bach "le gros", je ne sais pas pourquoi, je trouvais cela attendrissant...
Comme dans tout conte de fées, ici il y a aussi un ogre...
La folle allure, c'est le rire solaire d'une mère ou bien celui d'une vieille dame.
Lucie grandit, s'échappe du cirque, s'envole. Désire, séduit, incomprise peut-être des hommes qu'elle aime... Au fond, il n'y a peut-être que les loups et les vieilles dames qu'on croit un peu folles, pour la comprendre.
Lucie aime la joie et ne veut pas qu'on vienne l'éteindre dans son coeur. C'est là peut-être sa seule peur, mais c'est une peur immense comme le vide abyssal au-dessous du fil sur lequel elle marche, et qui lui donne des ailes...
La folle allure, c'est sans doute l'un des livres que je préfère de Christian Bobin. Il sent bon la vie comme une gourmandise ou bien comme une fugue, quelque chose qui apaise et qui dit de ne jamais renoncer à ses rêves...
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