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Critique de PG35


Un essai salutaire
Vu de chez nous, ce que l'on nomme la culture « woke » ou « cancel culture » s'apparente à d'aimables billevesées d'universitaires et journalistes nord-américains torturés par « leur » passé esclavagiste. La réalité est quelque peu différente et plus inquiétante. Comme nous l'explique avec talent Mathieu Bock-Côté, la société occidentale commence à voir ses supposées « élites » se soumettre aux idées racialistes, indigénistes, décolonialistes et autres charmants adjectifs récemment inventés. Journalistes, artistes et professeurs bien-pensants se montrent fascinés et effrayés par les théories farfelues mais dangereuses de ceux qu'ils voient comme les nouveaux damnés de la terre.
Bock-Côté rappelle que le racialisme abolit la diversité des cultures, des peuples, des nations, des religions et des civilisations pour créer une identité artificielle entre les hommes selon le critère exclusif de la couleur de peau. le racialisme ne veut voir dans le monde que deux catégories d'humains : les blancs et les « racisés ». L'indigénisme et le décolonialisme réinterprètent l'histoire à la lumière du colonialisme, du racisme et de l'esclavagisme, ce de manière incroyablement anachronique. L'antiracisme ne vise plus des comportements individuels mais un supposé racisme « systémique », inhérent à l'État ou, rajoutons-en une louche, à « l'homme blanc ». Il aboutit à mettre en place dans les esprits fragiles l'idée d'expier cette honteuse condition.
Bock-Côté se gausse de voir ce pauvre Justin Trudeau marquer sa soumission à l'antiracisme révolutionnaire en s'agenouillant devant les manifestants Black Lives Matter ou en s'excusant avec veulerie de s'être enduit le visage de cirage au cours des turpitudes de sa jeunesse estudiantine. Il s'amuse d'entendre l'actrice Rosanna Arquette exprimer sa honte et son dégoût d'être née blanche – elle aurait mieux fait de rester dans le Grand Bleu. Il rigole d'observer Lilian Thuram ou Rokahya Diallo prendre pour modèles les relations raciales et l'émancipation des minorités aux Etats-Unis « ou la non-blanchité n'est pas systématiquement liée à une présomption d'extranéité » (sic).
Bien évidemment, les idées racialistes et assimilées sont largement minoritaires chez les populations associées à la diversité. Cependant on ne doit pas faire l'erreur d'oublier que ce sont les minorités les plus résolues qui font l'histoire. Face à ces phénomènes qui, en dépit des apparences, n'ont rien de folklorique, Mathieu Bock-Côté conclut que la résistance intellectuelle et politique à la théorie racialiste est un enjeu démocratique fondamental. Et il réaffirme avec vigueur l'importance de la notion de peuple. Un peuple n'est pas une race : on peut y adhérer, on peut s'y fondre. On peut embrasser son destin et s'y intégrer.
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