AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Coeurdechene


Trois Royaumes, trois destins dont dépend la paix. Mais tout a l'air de s'être joué des années plus tôt. le jour où la guerre a fait rage pour la dernière fois et s'est achevée sur un événement des plus traumatisants, entré dans la légende.

Servi par une plume plutôt poétique et très fluide, Mille Lions se dévore en quelques heures. Même si on peut regretter quelques simplicités dans le récit : encore une histoire d'ados / jeunes adultes dont le destin va façonner le monde, encore une prophétie…
On peut cependant louer l'habileté de l'autrice qui arrive à faire passer la pilule de manière assez subtile et on se prend au jeu. A vrai dire, le style y est pour beaucoup.
Grâce à des chapitres très courts, le roman est plutôt rythmé et on alterne très rapidement les personnages et les situations. Ce qui peut amener une certaine frustration alors qu'on aimerait avoir plus de détails sur l'un ou l'autre, ou une pause avec un peu de recul sur la situation. Alors qu'on s'attache progressivement à eux, ils peinent à gagner en profondeur et finalement leurs destins, bien que gravés dans le marbre par une prophétie à l'interprétation douteuse, ne nous concernent pas vraiment.
Cependant, s'il en est bien un qui nous aurait intéressé et sur lequel on aurait aimé plus d'informations, c'est le dernier lion ailé. Pourtant en couverture du roman, déclencheur de toute l'histoire, et présent en filigrane tout au long de l'aventure de Daggeir, on n'en sait quasiment rien. Quelques mots épars nous donnent une vague idée de la splendeur de cette espèce éteinte et l'on regrette de ne pas en apprendre plus.
En revanche, Daggeir sort quand même du lot avec une évolution certaine tout au long du roman et c'est très appréciable.

L'univers paraît solide et l'histoire contée s'inscrit bien dedans. Les interactions entre peuples, voire entre personnages, sont crédibles. Tout au long de la lecture on sent planer le spectre des non-dits et des regrets. le personnage d'Aran le Noir, sombre et torturé à l'extrême, fait partie de cette foule de seconds rôles qui se démarquent et imprègnent le récit, lui donnant une saveur toute particulière.
Toutefois, on regrettera un certain manque de perspective : assez peu de descriptions, un horizon étroitement refermé sur ces Trois Royaumes et une absence totale de temporalité (hormis la période de grossesse des personnages féminins) ou de distances quantifiables contribuent à créer une sorte de flou autour de cet univers. Les données fluctuent selon les besoins et les envies de l'autrice et aident difficilement le lecteur à s'approprier ce monde.

Pourtant, c'est dès les premières phrases qu'on y accroche, à cet univers. Les personnages sont simples et parfois caricaturaux, mais on arrive à éviter certains pièges du cliché et de l'univers manichéen. La procréation et le rôle de la femme dans la société étant au coeur de l'ouvrage, Jeanne Bocquenet-Carle insiste sur le sujet. Que ce soit dans les questionnements de ses héroïnes, les révélations qui se succèdent tout au long du récit ou même la manière dont sont traités les hommes, Daggeir en particulier, tout nous ramène à cette remise en cause de l'ordre établi. Et il est presque certain qu'il faille y voir aussi une critique très contemporaine de sujets d'actualité.

Malgré l'impression de n'avoir relevé que des points négatifs, Mille Lions est un roman plaisant à lire, sans vraiment de temps mort, qui propose quelques très bonnes idées et des passages marquants mais qu'on aurait souhaité un peu plus dense ou plus long, pour étoffer l'univers et plus s'immerger.
Une très bonne lecture pour des ados à partir de 15 ans, afin d'amorcer la transition entre la littérature jeunesse et l'âge adulte.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}