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Critique de calicles30


Nous sommes tous actuellement dans la situation de Boèce, contemporain de la chute de l'Empire Romain d'Occident, à la charnière d'un monde nouveau - un nouveau Moyen Age ? : Prisonniers, torturés, inconsolables orphelins émigrés de nous-mêmes, nous avons la foi têtue et l'héroïsme modeste des maïeutiques qui accouchent de ce que la vie a d'insignifiant, d'indispensable et de vulnérable à la fois : Perpétuer la Vie. Vivre ! Survivre ! Être la vie. Se saisir du monde et en jouir, librement. Se dépouiller, se gonfler, s'épuiser de vie et arriver nu jusqu'à Dieu. Se présenter devant l'extrémité de soi les mains vides, volontairement pauvre, mais l'âme plongée dans un ravissement de joie. Loi ultime de Parménide : le temps est une forme vide. Sous sa forme poétique, Baudelaire écrira : « le Temps mange la Vie ». Pour Héraclite d'Éphèse (v. 540-v. 480 av. J.-C.), tout est à la fois le même et différent : le fleuve n'est pas le même parce que l'eau se renouvelle sans cesse. La réalité est faite de ce devenir perpétuel sans lequel tout se disloquerait et retournerait au néant. le temps est comme « un enfant qui joue à pousser des pions », qui avance et recule tour à tour. L'homme ne voit qu'un aspect des choses sans saisir l'harmonie du tout, qui naît du mouvement, de la discorde et du conflit. Il voit identité là où il y a processus et métamorphose. La guerre (πόλεμος) est ainsi le principe de toutes choses, ce qui fait être et qui maintient dans l'être. C'est ce qui conduira Hegel à affirmer qu'il n'y a pas une formule d'Héraclite qu'il ne reprenne à son compte. Γνῶθι σεαυτόν – Nosce te ipsum : Gravée sur le fronton du temple de Delphes, cette injonction n'incite pas à l'acceptation de ses limites, mais à la reconnaissance de ce qu'il y a de divin en soi. Il nous faut coïncider avec ce qu'il y a de meilleur en nous, à savoir notre âme ou notre raison, qui seule doit gouverner nos actes. C'est d'elle que l'homme détient son caractère divin, auquel il lui appartient de s'assimiler par la vertu d'une ascèse, comme le soulignera Plotin, un élève tardif de Platon, lui-même élève de Socrate : « Telle est la vie des dieux et des hommes divins et bienheureux ; s'affranchir des choses d'ici-bas, s'y déplaire, fuir seul vers le Seul » (Ennéades, VI, 9, 11). Et ce n'est qu'à la condition de se gouverner soi-même que l'on peut prétendre gouverner la cité…
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