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Critique de MissSherlock


Avant de parler du livre proprement dit, il faut remettre les choses dans leur contexte. MOI, ORSON WELLES est la retranscription des conversations que Peter Bogdanovich et Orson Welles ont tenu de 1968 jusqu'au début des années 80. Les deux hommes, qui étaient amis, avaient le désir de remettre les pendules à l'heure concernant la légende noire qui entourait Welles. On a dit tout et surtout n'importe quoi sur le cinéaste ce qui l'empêchait de travailler à Hollywood. Aussi Orson Welles voulait rétablir la vérité grâce à ce livre.

Le problème c'est que d'un côté Welles se démenait en vain pour mener à bien ses projets et, de l'autre, la carrière de réalisateur de Bogdanovich décollait à Hollywood : le temps manquait pour terminer le livre. Et ce qui ne devait durer que quelques mois finit par prendre des années. En outre, Bogdanovich subit des drames personnels et professionnels ce qui fragilisa l'amitié des deux hommes. le livre fut abandonné. À la mort de Welles en 1985, des hommages lui furent rendus et Jonathan Rosenbaum (un célèbre critique de cinéma américain) eut le désir de voir publier le livre. Après un gros travail de retranscription, le livre vit enfin le jour en 1992.

L'attente fut longue mais cela en valait la peine ! Tous ceux qui aiment le cinéma d'Orson Welles doivent lire au moins une fois ce livre. Et ceux qui n'aiment pas le cinéma d'Orson Welles doivent le lire aussi, ils changeront peut-être d'avis.

L'ouvrage s'articule en plusieurs parties : une préface de Jonathan Rosenbaum et une introduction de Peter Bogdanovich qui contextualisent l'ouvrage ; la retranscription des discussions entre Welles et Bogdanovich ; une chronologie très complète de la carrière d'Orson Welles ; le script original de LA SPLENDEUR DES AMBERSON et enfin des notes de l'éditeur.

La seule partie que j'ai trouvé un peu rébarbative est la chronologie, le reste c'est du nanan. Je ne vais pas m'étendre sur le script de LA SPLENDEUR DES AMBERSON : pour faire court je dirai qu'il est dommage que le travail de Welles n'ait pas été respecté surtout en ce qui concerne la fin du film. Les charcutiers ont toujours eu de beaux jours à Hollywood.

La conversation entre Peter Bogdanovich et Orson Welles est passionnante parce que les deux hommes sont cultivés, intelligents, drôles et qu'ils se montrent francs l'un envers l'autre. Au fil des pages, j'ai découvert un Welles fragilisé par le système Hollywoodien, cherchant désespérément à se faire une place dans le milieu du cinéma, souffrant de n'être pas compris. C'est un artiste à fleur de peau, faussement modeste mais vraiment investit par son art.

Welles tente plusieurs fois de changer de sujets quand Bogdanovich veut lui faire parler de CITIZEN KANE et, plus généralement, de ses films malmenés par la RKO. Il se montre moins fuyant lorsque son ami aborde le théâtre, ses années à la radio et le travail d'autres cinéastes. Welles ne se montre pas toujours tendre envers ses confrères mais son regard est pertinent et juste.

Ce qui est brillant c'est la manière dont Bogdanovich arrive à faire parler Welles de tout et de rien : du cinéma, de la littérature, de la genèse de ses films, de ses secrets de fabrications voire même de choses plus personnelles... sans jamais laisser passer les contradictions formulées par Welles et sans jamais se laisser impressionner par son illustre ami.

Le livre est riche, dense, passionnant et se lit vite, comme un roman.
MOI, ORSON WELLES est un régal pour tous les cinéphiles !
Lien : http://le-bric-a-brac-de-pot..
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