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Critique de gerardmuller


C'est beau une ville la nuit/R.Bohringer/ Spleen en bleu
Ce premier ouvrage de Richard Bohringer est une autobiographie partielle très particulière.
Dès l'entame des 150 pages, les phrases courtes claquent comme des fouets pour exprimer la douleur et la colère. Elles font mouche ; elles font mal. Et la lecture est douloureuse comme le fut l'écriture pour l'auteur qui se met à nu avec sincérité.
L'écriture est passionnée, argotique et parfois crue.
Tour à tour sont révélées la souffrance de la séparation et l'amour sans partage de sa fille. Sensualité, chagrins, errances et révolte se succèdent au fil des chapitres (parts). L'addiction à l'alcool et la drogue dure mène l'auteur au bord du gouffre dans une ambiance de déréliction et de déchéance.
Il faut se rappeler que l'auteur fut abandonné en bas âge par ses parents et fut élevé par sa grand-mère qu'il adorait.
Mais chaque instant de cette confession d'un homme vrai et entier, de ce journal intime sans détour et bouleversant est en même temps un hymne à la vie. Bohringer est un éternel optimiste malgré sa douleur profonde. Son enthousiasme surprend même dans un tel climat. Bohringer ressemble à un écorché vif assoiffé de vie. Ses désespérances, ses passions et ses angoisses émaillent le récit au travers de rencontres multiples
Une réelle poésie émane de ce témoignage. J'ai personnellement trouvé des accents éluardiens à ce spleen en bleu (le blues) la couleur dominante.
Quelques phrases chocs :
« La colère, ça fait vivre ; quand t'es plus en colère, t'es foutu ! »
« Con un homme quand ça souffre. Aussi con quand il est heureux. »
« C'est beau je crois la famille. Mais j'ai eu des chiens et des terrains vagues. »
« Je suis absent de ma vie. Je la regarde sans vraiment la toucher. »
Et de la poésie : »J'ai rêvé qu'un seul de tes gestes soit le ralenti de ma vie… »
« J'ai appris à écrire sous une tonnelle de roses blanches débouchant sur un potager fleuri où les verts acides des poireaux se mêlaient aux rouges anémiés des carottes trébuchantes. J'ai appris à écrire sous une tonnelle blanche la nuit, dans le silence, à la limite du cri, et mon coeur battait aux rythmes des mots que je jetais comme des paysages dont la flamboyance me laissait pantelant. »
Sublime !
Et l'amour de sa fille : « Je cours vers toi ma fille …Je cours vers toi. Pardonne-moi de t'avoir oubliée. Je cours vers toi ma vie . »
Les regrets : » Je t'aimais la vie. J'y croyais. »
Et puis l'espoir : » J'en veux pour longtemps de la vie. J'ai signé pour la vie. La vie longue. La vie toujours qui rime avec amour. »… « Vie je veux plonger encore en toi. »… « Va falloir que j'aille faire un tour du côté du bonheur. »
Vraiment un livre courageux de par son contenu mais aussi par l'espoir qu'il suscite au paroxysme de la douleur.
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