Voici les lieux charmants où mon âme ravie
Passait à contempler Silvie
Les tranquilles moments si doucement perdus.
Que je l’aimais alors, que je la trouvais belle !
Mon cœur, vous soupirez au nom de l’infidèle :
Avez-vous oublié que vous ne l’aimez plus ?
C’est ici que souvent, errant dans les prairies,
Ma main des fleurs les plus chéries
Lui faisait des présents si tendrement reçus.
Que je l’aimais alors, que je la trouvais belle !
Mon cœur, vous soupirez au nom de l’infidèle :
Avez-vous oublié que vous ne l’aimez plus ?
Le dos chargé de bois et le corps tout en eau,
Un pauvre bûcheron, dans l'extrême vieillesse,
Marchait en haletant de peine et de détresse;
Enfin, las de souffrir, jetant là son fardeau,
Plutôt que de s'en voir accablé de nouveau,
Il souhaite la Mort et cent fois il l'appelle.
La Mort vient à la fin : « Que veux-tu ? lui crie t-elle,
Qui moi ? dit-il alors, prompt à se corriger.
Que tu m'aides à me charger. »
Le vrais peut quelquefois n'être pas vraisemblable.
(Art poétique, chant III)
Qui vit content de rien possède toute chose
(épitre V à M. De Guilleragues)
En vain pour te louer,ma muse toujours prête,
Vingt fois de la Hollande a tenté la conquête.
Ce pays, où cent murs n'ont pu te résister,
Grand roi, n'est pas en vers si facile à dompter.
Des villes que tu prends les noms durs et barbares
N'offrent de toutes parts que syllabes bizarres,
Et l'oreille effrayée, il faut de puis l'Issel,
Pour trouver un beau mot courir jusqu'au Tessel.
Et qui peut sans frémir aborder Voërden?
Quels vers ne tomberait au seul nom de Heusden?
Le vrai peut quelque fois n'estre pas vraisemblable.
Qu'en un lieu, qu'en un jour un seul fait accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli.
On peut être héros sans ravager la terre.
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.
Polissez-le sans cesse et le repolissez.
Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs.