- Tu vois, à l'origine, ils étaient dirigés par ceux qu'ont du fric, un genre de puto-machin là.
- Ploutocratie, dit Tito.
- Ouais, c'est ça, putocratie !
Ils ont le dos scarifié, des cicatrices habillent les corps, certaines récentes suintent encore. Ils n’ont pas un poil, nulle part. Du cuir leur ceint les hanches et épargne à la chasseuse de primes la vue des sexes eux aussi scarifiés. Le cuir a la même couleur que leur peau tannée par les vents et les soleils tristes. Les braises ont déjà servi, une carcasse gît par terre, entièrement dévorée, sa peau est tendue sur un chevalet de tannage. Bambino les a dérangés avant qu’ils ne puissent peler leur prochaine victime. La chasseuse de primes peut renifler leur haleine de chacal d’ici. Bambino n’a pas bougé, sa carrure semble les impressionner. Ils ne savent pas quoi faire de cette apparition. Le pirate continue de les fixer en roulant des muscles jusqu’à ce qu’ils aperçoivent sa camarade. Un monstre fait un pas en avant, lève le bout de métal pourri qui lui sert d’arme et se tranche l’oreille avant de la balancer vers le pirate.
L’enfer se déchaine.
Il boit une rasade pour se rincer la bouche, boueuse de bave et de poussière. L'alcool est pire encore que le formol goûté sur La Buse. Brûlant, épicé et volatil, à peine sur la langue qu'il essaye de se faire la malle par les voies respiratoires.