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Critique de Kirzy


« Les femmes d'expatriés c'est un schéma qui se répète. La femme de bonne famille suit son mari de bonne famille. La femme est souvent diplômée et bien diplômée.Elle vit généralement très bien, cette Arrivée à vie journalière confortable. le café de rentrée, c'est Madame Figaro avec l'humour des Triplés. Autant dire un repoussoir. Pourtant, je veux en être. Je porte au poignet une montre au bracelet en veau Barénia à double tour et boucle ardillon. Les anciennes accueillent les nouvelles. Chacune fait son marché selon ses croyances, ses origines et ses goûts. Que des minous, et pas de MeToo, encore moins de porcs ( ils bossent, eux ). L'expatriation, ce jardin d'Eden où la femme exhibe le kiki de son mari derrière une bonne grosse feuille de paie. On y pratique l'entre-soi, ce qui, paraît-il, n'a rien à voir avec la partouze. »

Dès les premières pages, j'ai été emballée par le regard acéré et lucide que porte la narratrice sur l'expatriation. Elle déménage très souvent pour suivre son mari, cette fois, ce sera Taïwan. Et dans la valise, un carnet Moleskine et un atelier d'écriture à distance offert par ses amis. C'est ce carnet que nous lisons, format qui permet les confidences politiquement incorrectes, une irrévérence salutaire, une grande liberté tout simplement. Cet humour, souvent féroce, est absolument nécessaire, sinon, cette chronique désabusée d'une expatriée privilégiée serait vite insupportable d'indécence.

Ce n'est jamais le cas, d'autant plus que derrière cet humour, se cache une femme en quête d'identité, une quinqua triste qui se sait plus quelle est sa place dans la société mais aussi dans sa vie d'épouse, de mère et de femme. C'est cet humour qui lui permet de supporter sa situation, de détourner l'inquiétude, de masquer ses fêlures et fragilités. Si elle écrit, c'est surtout pour accéder à son « lieu à soi » et être dans sa vérité une fois l'inventaire de sa vie et du moment effectué.

Le texte est très personnel, mais il m'a lassée. Ou plutôt, son sens de la formule a fini par m'agacer. Bizarre de dire qu'un texte a trop de saillies pleines de verve et d'esprit, mais c'est vraiment ce que j'ai ressenti. Je me suis fatiguée à lire ses fragments de vie et notamment toute la dernière partie, celle du retour de la narratrice en Bourgogne au chevet de sa mère dans le coma. La bascule dans un registre plus introspectif aurait pu relancer mon intérêt , surtout qu'elle traite de la thématique passionnante du deuil, du transfuge de classe, de l'hérédité et de la transmission. Mais il aurait fallu que je sois touchée, cela n'a pas été le cas. Je suis restée à la lisière d'émotions que j'avais envie de ressentir.

Reste un texte vraiment singulier qui parvient à osciller avec subtilité entre légèreté et profondeur.

Lu dans le cadre du collectif 68 Premières fois #4
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