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Critique de SZRAMOWO


Décembre 1966 à Paris. Paris qui a encore sa dégaine de la fin de la guerre mais commence à changer. On démolit dans le quartier Maine Montparnasse et la Tour et la gare inhumaine seront bientôt là.
La guerre n'est pas loin non plus dans le coeur des personnage, Marlin le flic veuf, ancien du maquis, Baynac le commissaire qui dit-on fut très courageux pendant la guerre. le Varech, leur collègue, est passé par l'Algérie, lui.
Contexte d'un monde qui change, pas en mieux, décrit avec minutie et détail par Xavier Boissel.
Marlin, amateur de Jazz, est le héros et le narrateur. Chet Baker, Coltrane, Archie Shepp, Max Roach, Bill Evans, illuminent sa solitude et ses nuits sans sommeil. Son chat s'appelle Duke comme Ellington bien sûr. Il ne déteste pas fredonner Downtown de Petula Clarck lorsque le tube passe sur la radio de sa 404 de service.
A part le jazz il aime le Scapa et s'enivre au bourgogne aligoté ou au Chardonnay.

Les trois hommes sont en charge d'une enquête criminelle. le meurtre d'Audrey Mésange, une ancienne prostituée sortie du métier en 1962 qui s'est rangée après avoir épousé Flanquart un entrepreneur de travaux publics.

Les ingrédients de l'intrigue sont simples et connus mais rapportés de façon originale par la voix de l'inspecteur Marlin.
La France de l'après guerre, la reconstruction, De Gaulle, le SAC, un gros scandale immobilier, des hommes politiques véreux.

Philippe Marlin parviendra à trouver le fin mot de l'histoire aidé par une jeune journaliste intrépide.

Ambiance et nostalgie. On s'y croirait tellement c'est réaliste. Belle écriture.
«En sortant à Saint-Lazare, je suis passé rue du Havre devant le lycée Condorcet et j'ai bifurqué rue de l'Isly. Endroit calme, sans embouteillage. Fin de l'agitation et de la frénésie marchande. Quand je suis rentré chez Léon, je me suis tout de suite senti à l'aise. J'avais emménagé dans la capitale après la fin de l'Occupation. Paris était mon élément, comme l'eau pour le poisson. Après le maquis et la vie sauvage, il n'y avait que ce lieu où je pouvais respirer. Mais depuis quelques années – peut-être depuis la fin de la guerre d'Algérie –, le Formica envahissait les bistrots et le béton commençait à chasser le pavé des rues, et bientôt, ce serait les Parisiens qui seraient chassés de leur ville.»

«On s'est assis dans le canapé face à une petite table basse en osier. Un cendrier tournant en inox émergeait d'une grappe de petits soldats et de scoubidous. Sarah a déplacé l'étendoir à linge contre un mur tapissé de papier peint à motifs géométriques. Dans un coin, sur l'écran du téléviseur allumé, une capsule de la Nasa flottait dans l'espace. Avec les enfants qui couraient partout, l'appartement semblait minuscule. D'un seul coup, j'ai mieux compris pourquoi le Varech voulait quitter Paris. Je crois qu'il l'a vu dans mon regard et il a souri en nous servant des martinis blancs. Sa femme a rapporté des cacahuètes et des olives noires dans des bols ébréchés. Puis elle a coupé le son du téléviseur, mais pas l'image. Nous avons bu nos verres en fumant des cigarettes. La conversation a roulé sur des banalités. Ils avaient la télévision ? Oui, c'était exceptionnel, pour les enfants. Et puis parfois, ils diffusaient des programmes intéressants. le petit gars à un moment est venu me voir avec un livre.»
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