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Critique de Ambages


« Peut-être avait-elle alors compris que toute réalité est essentiellement fabriquée. »

Un très beau moment d'introspection. Que reste-t-il de nos vies ? Qu'avons nous fait pendant toutes ces années ? A cinquante-cinq ans Martin, seul dans un hôtel chinois, regarde son reflet dans la vitre, un verre à la main, et refait le cours du temps. Loin le temps de sa jeunesse, loin le temps de son premier grand amour, Rachel, loin le temps où il protégeait ses bébés en les portant dans ses bras. Maintenant, Rachel est à la retraite, sa femme depuis des décennies s'isole de lui, ses bébés sont devenues trois adolescentes bientôt femmes et lui, que lui reste-t-il de ses envies et de sa fougue de sa jeunesse ? Il est devenu un fonctionnaire lambda, malléable au point d'être invisible de tous, qui s'est illusionné pendant trente ans...
Le retour sur les années avec Rachel est superbement décrit, la chute du couple se fait étape par étape mais rien n'y manque.
« Il ne saurait jamais ce qu'elle pensait véritablement, car il ne l'avait jamais vraiment vue. »
Il est seul. Dès lors, une main chaud sur son corps devient une obsession car on ne l'a plus touché depuis si longtemps. Pendant cette visite en Chine, alors qu'il accompagne le sous-sous-sous-secrétaire d'État, il dispose d'une soirée pour se retrouver seul. La journée il doit être dans son rôle : amabilités, respect des convenances, sourires imposés, thés verts pour accompagner toutes les réunions qui permettront au retour en Irlande de la délégation gouvernementale, de dire que le pays a conclu de nombreux échanges fructueux avec l'Empire Céleste. Mais ce soir, il peut enfin être seul, vidé de toute l'énergie dépensée la journée à être dans son rôle. Seul il va, à l'occasion d'une envie – cette main chaude qui lui apporte le massage qu'il n'osait demander- pouvoir revoir son passé, sa vie réelle et se demander si tout n'était pas qu'illusion.

« Il se demanda si la mort serait aussi peu mémorable, un pétard mouillé sous le mystère du symbolisme dans lesquels les gens se drapaient, bien qu'ils passent leur vie entière à s'y préparer. »
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