Meutes

MEUTES

MEUTES n'est pas un livre de poésie comme les autres. C'est un bijou en tant qu'objet - livre d' abord : la graphie, la calligraphie, le dessin, l'encre, tout y est important, parfait et parlant .
Mais que les textes sont beaux et originaux !
Bien sûr l'ode à la Méditerranée (fondatrice) , en début de recueil est pour moi chef d' oeuvre.
Cependant, le cheminement dans la langue et l'univers de Jean- Denis BONAN n'est pas aisé. Il est fait de surprises, de rencontres qui frôlent le mythe et fouaillent au plus profond de soi.
" Les oiseaux riaient dans leurs ailes
Je chassais les minotaures
Le serpent pleurait son venin "
Les formes sur la page, les dessins, l'écriture poursuivent ensemble cette quête de soi qui veut débusquer des fantômes intérieurs mais dans cette quête point de répit ou d'archipels paisibles :
" Les adverbes
Les mots gluants qui hier encore
Étaient en transhumance
Sont venus pour gronder en crue "
" Vous, prenez garde !
Dans mon dessin vous allez devenir monde
Non pas la paix du monde
Mais la beauté de ses bouleversements "
Chez - Jean-Denis Bonan, peut-être plus que chez quiconque, écrivant, l'écriture n' est pas anodine , elle est rude à apprivoiser et l' objet d' une lutte : " Les pensées meurent sous le
Hachoir des mots "
L'interrogation est permanente et sous- jacente
" Parmi les mots qui se font " pensées "
Le plus dur est " aimer " face à la misère
Contre l'histoire du monde "
Il faudrait citer le poème sur l'Amour P.48 et P. 49. Et tant d'autres...
Je vous invite à découvrir. ..N'oubliez pas de vous attarder dans le " Journal disloqué " qui lui aussi ne manque pas d'originale saveur :
" Je voudrais une écriture impénétrable
Je voudrais boire le doute de
L'incompréhensible"
MEUTES est un livre qu'il faut garder avec soi.
Tellement dense et beau que plusieurs lectures sont possibles, me semble-t-il , et c'est tant mieux.
Le poème avec Jean- Denis Bonan est VIVANT :
Il bouge, il remue, et nous remue

Je viens de refermer « MEUTES », le recueil de poésie de Jean-Denis Bonan, publié par les éditions ABSTRACTIONS, et je reste sur le chemin que l'auteur a tracé, interdite. Sans lui à mes côtés pour m'accompagner, il me faut poursuivre, seule, dans ce breuil que le sauvage de la vie ne cesse d'envahir.
Dans ce livre on se laisse guider le long de chaque segment poétique par le trait ou par le mot. Ils se relaient pour embarquer notre imaginaire aux sources de la vie, là où naît tout mouvement.
Ne pas lâcher ce fil d'Ariane sinon nous deviendrions les jouets des « mythes tissés de crimes », les proies faciles des bourreaux qui nous guettent de toute éternité et veillent à ce que nous restions dans l'enfermement, dans le labyrinthe de cette histoire d'un monde qui « ronge sa clef ».
Cette piste qu'explore l'auteur est-elle illusion supplémentaire ? Elle nous conte des histoires taillées dans le bois de toutes les mémoires et cherche - comme le ferait un scientifique de la croissance d'un organisme unicellulaire, comme l'historien le ferait d'un relevé d'empreinte de main sur les parois d'une grotte rupestre, ou encore comme le peintre qui exploiterait une tache fortuite - une issue qui ouvrirait une brèche dans l'éternel recommencement. Il y a urgence de trouver car la meute est en nous, elle ne nous lâchera pas !
Lien : https://tisanedethym.fr