Jamais son frère ne lui avait ressemblé à ce point. Ils étaient identiques en tous points, mais les efforts qu’Etan déployait pour ne pas ressembler à Nate avaient toujours étaient payants. Personne ne les avait jamais confondus. Etan portait ses cheveux très longs, les teignant en noir corbeau, ils lui tombaient la plupart du temps sur le visage. Il était toujours vêtu de noir. Couleur qu’il avait interdit à Nate de porter. Même si on les avait mis côte à côte, ce qui n’arrivait jamais, il eut été difficile de voir la ressemblance.
Pour lui, l’attente et le suspense étaient aussi importants et violents que tout ce qu’il se savait capable de faire subir à celle qui l’avait mis au monde. En arrivant à son niveau, il s’accroupit et la regarda dans les yeux. Il lui sourit. Son sourire s’élargit encore plus quand il constata que son but était atteint. Sa mère était terrifiée. Sans la quitter des yeux, il ramassa le tisonnier et se redressa de toute sa hauteur. Il la dominait davantage en étant debout. Lydia s’agenouilla et saisit le bas du pantalon de son fils. Il écarta sa jambe d’un air de dégoût. Lydia joignit ses mains devant son visage, comme si elle allait prier.
"Après tout, on ne sait jamais par quoi peut commencer une bonne histoire, l’encourageait souvent sa mère. "
Pour ceux qui l’ignorent, un scénario raconte, bien entendu, une histoire. Mais ça n’a rien d’un roman. C’est simplement une succession de descriptions succinctes et de dialogues. J’avais donc mon fil conducteur, mon squelette de départ. Il me fallait maintenant le couvrir de muscles, de tendons et de chair, pour lui donner vie. Certains personnages ont changé de nom, de rôle, parfois même de sexe. D’autres sont morts avant l’heure, se sont révélés plus intéressants que prévu. D’autres, enfin, sont arrivés sans crier gare.
Mieux vaut des remords que des regrets !
Cette expression m’a poussé à tenter l’aventure ! Je ne voulais pas faire le bilan de ma vie en me disant « J’aurais pu ! » ou « J’aurais dû ! »
Je suis comme ça, imprévisible, j’avance au gré de mes envies. « Reflets » s’est donc endormi pendant sept ans. Je le sortais de son sommeil de temps en temps pour le relire, constatant à chaque fois les aberrations et les erreurs liées à mon jeune âge. Et invariablement, il regagnait son tiroir. C’est pourtant pendant cette période, que mon envie d’en faire un roman est née. Pour des raisons personnelles, cette histoire me tenait beaucoup à cœur.