Citations sur La domination adulte. L'oppression des mineurs (7)
pouvoir choisir à sa guise un lieu de vie qui nous soit propre est condition première à toute libération, autant pour les femmes que pour la jeunesse
Apprendre librement au lieu d’apprendre sous la contrainte dans des « prisons à mi-temps »
Il ne tient qu’à nous de prendre le large et sentir dans notre vie souffler le vent des possibles… et écarquiller nos grands yeux sur l’infini
il n’est possible de vivre « librement » qu’à la condition de ne pas dépendre d’une autre personne pour sa survie matérielle
L’âge dit d’enfance se confond donc aujourd’hui avec cette « qualité » de mineur, qui est une catégorie juridique et politique qui a une histoire, qui n’a pas toujours existé
Quelle réalité peut avoir une démocratie où les individus passent les dix-huit premières années de leur vie dans un régime politique […] qui s’apparente à ce qu’on appelle, dans tous les autres cas de figure, un régime disciplinaire ou un régime carcéral ?
Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, on a donc commencé à isoler l’enfant de la vie commune : pour préserver sa moralité, pour l’éduquer, en lui interdisant telle ou telle attitude, en lui en prescrivant d’autres. L’optique de l’époque était celle du redressement, en relation avec le projet constitutif de la modernité : celui d’une raison soucieuse de maîtriser et de redresser la nature en la soumettant aux normes qu’elle lui impose de l’extérieur.
De façon très logique, pour les utopistes, qu’ils fussent bourgeois, socialistes ou anarchistes, l’éducation a été conçue comme le socle sur lequel s’érigerait l’ordre nouveau ; pour les “réactionnaires”, c’est sur l’éducation également que se reconstruirait en revanche l’ordre ancien. Bref, l’éducation est devenue un enjeu de pouvoir démesuré, dont les enfants font toujours les frais et sont les premières victimes.
C’est à partir du XIXe siècle que la société se donne véritablement les moyens d’encaserner les enfants. La notion de protection, on l’a vu, a commencé à se développer en même temps qu’on se souciait de préserver “l’enfant” des travaux industriels puis agricoles pénibles et de relever l’âge à partir duquel il pouvait travailler. Moins il pouvait travailler jeune, plus “l’enfant” était perçu comme incapable par nature, parce qu’enfant et immature, de subvenir seul à ses besoins et même, progressivement, de faire face aux situations les plus simples de la vie quotidienne.