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Critique de rose


rose
19 février 2011
Au milieu du va-et-vient d'un cabinet d'analyse, tandis que les enfants chiffonnent les prospectus de prévention et que les vieilles dames s'installent péniblement, leurs filles ou belles-filles règlant les questions administratives et interrompant leur rêverie en demandant qui un chèque, qui une carte qu'elles extraient lentement de leurs porte-feuilles, il peut sembler étrange de s'abstraire dans les Pensées d'étoffe ou d'argile d'Yves Bonnefoy, mais il est aussi très réconfortant de retrouver sa voix limpide et pourtant dense, chargée de poésie et de toutes les références mythologiques auxquelles il a si magnifiquement redonné vie dans son oeuvre.
Ces textes théoriques accompagnaient à l'origine un ouvrage et une exposition, mais ils peuvent très bien se lire seuls, tant leur véritable sujet se révèle être la poésie et participe de la réflexion de l'artiste sur la forme. Ainsi, dans « le tissu et ses oeuvres », si Bonnefoy montre d'abord quelle méfiance suscite le tissu comme le langage (ce tissu qui cache), il invite aussi à déceler une autre dimension : le tissu qui recouvre dégage le corps de sa simple dimension biologique, il l'amène à réfléchir sur sa forme, et l'art, avec ses savants drapés, l'a bien compris ; le tissu est enfin le lieu d'évocations symboliques qui dépassent la pensée conceptuelle (comme la poésie).
Dans « le travail du potier », de même, le poète rapproche le langage de la céramique qui recueille et exalte dans l'offrande. Comme le poète, le potier est à la recherche de la forme, d'une beauté qui « nous fait respirer à soudain plus haute altitude ».
Un très beau « carnet de l'Herne », qui nous permet de suivre la pensée d'un artiste qui ne cesse de réfléchir sur son art.
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