AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de colimasson







Le Groenland passe ici à la trappe de plusieurs visions… D'abord celle, romanesque, de Jorn Riel, écrivain danois né en 1931 qui s'est engagé en 1950 dans une expédition scientifique pour le nord-est du Groenland et dont il a tiré une dizaine de volumes des Racontars arctiques. Ensuite celle de Gwen de Bonneval, scénariste français né en 1973 qui s'est inspiré des oeuvres de Jorn Riel pour créer le scénario d'une adaptation en bande dessinée intitulée le Roi Oscar et autres racontars. Enfin, celle de Hervé Tanquerelle , dessinateur français né en 1972, qui se charge de retranscrire l'ambiance glacée et fantastique de cet univers au feutre et au pinceau.



La première histoire, de joyeuses funérailles nous donne un aperçu plutôt fanfaron et bon enfant de ce monde retiré qui fait se côtoyer les hommes dans le plus grand dénuement culturel et intellectuel. Les sentiments ont disparu. Lorsque l'un des hommes meurt, on ne voit pas la perte d'un compagnon mais la disparition d'une force de travail potentielle (qui va chasser le steak à présent ?)

« Jalle mourut le 1er novembre, juste avant le déjeuner, ce qui était franchement impertinent. »

C'est aussi l'occasion d'organiser de joyeuses funérailles généreusement arrosées dans des retrouvailles purement éthyliques. Les morts et les vivants se retrouvent dans une communion qui projette les esprits au-delà des frontières biologiques, et si le désastre et la mort s'accordent parfaitement avec les rires de ces joyeux compagnons réunis, la solitude qui se fait ressentir dans les histoires suivantes fera bien vite retomber l'euphorie.
Plus loin, dans les histoires suivantes, les personnages sont souvent seuls, et jamais accompagnés de plus d'un camarade. Retranchés du monde tels qu'ils l'avaient connu avant d'atterrir au Groenland, ils se retrouvent confrontés à leurs idéaux, à leurs craintes et à leurs espoirs. L'autre s'efface et ne devient qu'une projection face à laquelle on se fond ou on se confronte. Les enjeux de chacun sont à l'échelle du vide qui constitue le Groenland, et l'absurdité de la condition humaine ressurgit de manière cruelle : ici, deux hommes se battent jour et nuit pour des toilettes, signe de distinction honorable ; là, deux hommes se confrontent jusqu'à la mort pour un cochon…

Pour autant, le ton de ces histoires ne pousse jamais à l'abattement. le vide qui peuple l'existence de ces hommes n'est jamais complet, et bien que ceux-ci s'approchent de jour en jour du néant, ils continuent à accorder de l'importance à des détails, à s'enthousiasmer pour des futilités, à brandir leurs idéaux devant des situations qui les indignent. Toute la grandeur de l'homme est dépeinte à travers ces histoires. L'humour juste et piquant surgit à chaque page et complète une prose qui rend un hommage élégant à Jorn Riel.



Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}