Lorsqu'il repart du pays gaël par la baie de Cork, un jour de bruine qui ressemble à celui de son arrivé, il emporte un sous-bock de bière, des galets, une bouteille de Paddy. La veille au soir, il avait été témoin d'une scène entre deux jeunes amants depuis la fenêtre de son hôtel à Dublin, une vision qu'il me relata bien plus tard en semblant y chercher, comme le Yeats de Rosa Alchemica, un sens secret.
Excipit :
« Laissant derrière lui la trame du Sébastien d'avant qu'il croit entendre crépiter dans les ronces telle une membrane sèche, il frappe, entrouvre la porte et pénètre dans la solitude de la maison, cette patrie chimérique qu'il est depuis longtemps sur le point de rejoindre. »
« Désormais, il fallait qu'il apprenne, accepte et choisisse – étrange devise du monde adulte –, et si son père disait vrai, il s'agissait même de cette seule proposition : choisir. Choisir de savoir, accepter ou non cette greffe qu'il lui proposait, sa nouvelle identité, son nouveau nom et cette arme à feu qui ne tremblait pas.
Il m'a demandé de te donner le Sarsılmaz..., répéta l'oncle en découpant sa viande ; et comme si l'affaire pouvait se résoudre ainsi, sans lever les yeux de son assiette il ajouta : Or la loi me l'interdit, et je dois donc enfreindre la loi.
Quel genre d'homme était un père qui faisait cadeau de son arme à un fils qu'il ne connaissait pas ? » (p. 66)
On peut très bien vivre sans père. C'est même parfois souhaitable. Connaissez-vous le proverbe juif? Dieu ne pouvait pas être partout, c'est pourquoi il a inventé les mères. Etre privé de mère, voilà le drame.
Ces images, j'en ai moi-même tellement pour construire mes tortueuses plaidoiries sur cette guerre fratricide que, que, m'étant spécialisé à la longue dans le décryptage des ambigüités qu'elles véhiculent, je peux avancer sans craindre de me tromper que du fait même de leur fonction, elles perdent rapidement de leur valeur, et que c'est bien là un effet paradoxal du film documentaire : sous prétexte d'informer, de "sensibiliser", il traverse celui qui le regarde, pour immédiatement se dissoudre dans l'oubli.
Quand je me noie dans un verre d'eau, (...) tu es celle qui boit l'eau et repose le verre sur la table sans le renverser. p.127)
(...) c'était la nuit rêvée avec Clara, la nuit qu'il aurait voulu avec Laura, la nuit secrètement désirée avec Liz, mais certainement pas celle que Kathryn lui offrait avec cette facilité déconcertante.
C'en est fini de Nance et de Sash, des Fumigènes et de l'internat Schultz ! En Irlande il respirera un air différent. Il ne craint pas la solitude.
Le voyage en Irlande ? Un rêve, raconté par un lutin facétieux. Sébastien débarque à Cork au petit matin du 1er août et se met à parcourir l'île émeraude à grandes foulées conquérantes. Il est en accord musical avec le hasard et aimerait qu'il existe un mot pour désigner cette qualité inattendue de son voyage : s'il existe, il ne le connaît pas encore.
Ses yeux passèrent de l'arme à Sébastien et de Sébastien à l'arme. Sébastien se borna à répéter ce que lui avait dit son oncle.
Un calibre 45 turc, très apprécié des connaisseurs...