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Critique de Lunateek




« Les peurs des hommes étaient elles si terribles qu'elles les poussaient à dresser entre eux des murs de silence, de haine et d'incompréhension ? » p194

Voici donc l'histoire des descendants de l'Esterion. Ce vaisseau qui dans le roman « Abzalon » emportait 5000 prisonniers, 5000 kroptes et quelques robes noires afin de coloniser une nouvelle planète. Même si « orcheron » peut se lire indépendamment du premier volet, il est tout de même vivement recommandé de lire « Abzalon ». En effet, les nouveaux arrivants ont bâti des nouvelles règles sociales, de nouveaux cultes ou sectes, très ancrés dans le passé et l'histoire de l'Esterion et de ses occupants. Tout comme la compréhension du monde qui nous entoure ne peut se faire sans de solides bases historiques, il en va de même pour apprécier pleinement ce nouvel opus.

Quatre communautés se partagent donc les terres fertiles du « Triangle » :

- Les mathelles qui dirigent de grands domaines agricoles matriarcaux et qui s'étendent petit à petit sur le « Triangle ». Elles se reconnaissent comme les filles de la divine Ellula.
- Les lakchas, chasseurs qui à travers tout le continent chassent les yonks afin de nourrir le reste de la population. Ils vénèrent les enfants-dieux, Djema, Maran, Aphya et les autres, qui en leur temps ont assurés la survie des leurs en les ravitaillant.
- Les Djemales, qui ont élevées Djema (Qval Djema depuis qu'elle a fusionner avec un Qval) au rang de déesse de « l'éternel présent », elles se sont regroupées dans le gouffre de chaudeterre.
- Les ventres-secs qui parcourent les grandes étendues du Triangle. Ils ont établis des relations privilégiées avec les « furves » ce qui leur permet de survivre sans difficulté.

Se rajoute à ça, les « couilles a masque », protecteurs des sentiers qui au nom de Maran perpétuent des atrocités afin d'éteindre les « lignées maudites ». Les Umbres, ces redoutables prédateurs volant qui emportent sur leur passage les imprudents qui n'ont pas trouvés à se cacher. Les descendants de l'Agauer, deuxième vaisseau à avoir quitter Ester et qui s'est posé sur l'autre continent au-delà des grandes eaux.

« Les êtres humains ont tendance à oublier la simplicité magnifique de la vie. Leur peur fondamentale les pousse sans cesse à échafauder des systèmes dont la complexité les rassure. » p271

Prenez, un descendant d'une lignée maudite ayant vécu dans un mathelle, une djemale mal dans sa peau qui deviendra la risée de chaudeterre, et enfin un jeune lakcha qui se laissera enrôler dans le cercle fermé des « protecteurs des sentiers ». Mélangez les avec le reste et vous obtiendrez une superbe fresque, digne du premier volet. Même si l'effet de surprise n'est plus la (« Abzalon » nous a déjà fourni les bases de cette nouvelle histoire), Bordage a réussi à décrire une société, ou plutôt l'évolution de cette société avec les thèmes qui lui sont chers. On retrouve bien sur la religion, qui au nom de tel ou tel dieu oblige ses adeptes à perpétrer des atrocités (pour les « protecteurs des sentiers ») ou des sévices psychologiques (pour les djemales). Mais aussi les luttes de pouvoir chez les mathelles ou les conflits d'intérêt entre les lakchas et les autres communautés.

En parallèle à ses trois « Tranches de vie » et a chaque début de chapitre, Bordage nous dévoile un peu plus son monde à travers des lettres écrites par d'autres protagonistes, et pour la plupart à une époque antérieure au récit principal. Il nous livre, ainsi, au fur et a mesure du récit les clefs pour mieux appréhender le monde qu'il a crée.

Le résultat du mélange de ces trois destins, amenés à se croiser à la fin du récit, et des « lettres » font de ce roman une très belle reussite.

Seul petit bémol, les nombreuses comparaisons que l'auteur se sent obligé de faire pour donner une cohérence à son monde. Les expressions, comme un yonk en chaleur, comme un champ de manne sous le soleil de Jael, comme une furve et tant d'autre, n'apportent pas grand chose a l'histoire et sont trop proche de nos propres expressions pour paraître naturelles. Certes, il y en a moins que dans le premier volet, mais cela reste un peu irritant. Cela dit, cela ne gâche pas le plaisir, et l'impression générale reste très forte.

« …, l'humanité ne se montre pas pressé de tirer de réels bénéfices de ses expériences désastreuses. » p438
A lire donc, mais n'oubliez pas « Abzalon »
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