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Critique de LeCombatOculaire


Nous sommes dans le monde impitoyable des casinos, ces immenses monstres suceurs de sang pompeurs de fric, ces beaux parleurs remplis de belles promesses d'avenir, de richesse, d'abondance, de prospérité qui procurent les plus grands frissons, les plus extrêmes émotions et une chaleur de proximité qu'il n'y a nulle part ailleurs. A travers quatre personnages principaux et quelques autres, nous suivons les dérives sempiternelles et malheureusement fortement prévisibles de ceux qui sont touchés par l'addiction au jeu, mordus par son venin mortel.

Les gens que l'on rencontre au fil du livre ont tous leurs tares personnelles, leurs drames implacables, leurs tracas quotidiens, un ennui ou une solitude à combler, un trou béant à la place du coeur qui ne peut se remplir qu'à cette source lumineuse, brillante, enrichissante, leur jardin secret. Bien sûr, chacun a ses techniques, ses croyances, ses propres statistiques, sa machine favorite, ses listes de chiffres porte-bonheur.

Rien que de très banal finalement, des couples usés par la vie et le manque de tendresse, des personnes terrassées par le deuil, des artistes ayant perdu leur inspiration, des quidams qui essayent juste de tenter leur chance pour une question de survie, des enfants qui ont attrapé le virus du jeu de leurs propres parents, des personnes à qui la vie n'a pas fait de cadeau... Quelques amourettes qui se forment près des machines de jeu, forcément, comme des bouées de sauvetage lancées en pleine tempête, le dernier espoir de ceux qui n'ont plus rien à perdre, qui ont les genoux éraflés et les yeux perdus, vidés. Des vies simples, et étrangement pas trop de bling-bling non plus, un contraste entre l'éblouissant pactole et l'humilité, la sobriété. Et surtout galope le fatalisme aux côtés de sa cousine la paranoïa et de sa soeur l'envie, celui qui accompagne toujours le chevalier de l'addiction. Des choses que Pierre Bordage arrive à très bien rendre ici, avec un certain goût de déjà vécu, peut-être, avec tour à tour lucidité et aveuglement, courage et abandon, espoir et dénuement, illusions et théorie du complot.

Ce n'est certes pas le roman que j'ai préféré de cet auteur, que j'admire au demeurant, mais il saisit réellement l'essence même de la dépendance, de la souffrance, de la solitude, du désespoir, du sens du défi et du risque, du jeu et du rapport à l'argent. Pour peu que l'on puisse se mettre au diapason par une expérience similaire, il est fort probable que l'on finisse par vibrer en même temps que ces personnages, que l'on subisse les mêmes sueurs froides et les mêmes débordement d'euphorie. C'est un livre qui se lit très vite, vraiment très vite, à la lecture rendue fluide et aisée grâce à cette absence de phrase, ce rythme qui suit le train de la pensée, de la discussion décousue, et cet effet rend plutôt bien ici, comme un récit à bout de souffle qui suit la cadence du jeu, de la roulette qui tourne, qui s'arrête parfois, relance et rebondit. Avec la promesse, peut-être, pourquoi pas, d'un happy end, d'un ultime gain, d'un espoir d'avenir, d'une porte de sortie.

Je remercie Babelio et les éditions Au diable vauvert, dont les livres sont toujours agréables à lire.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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