AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ana_Kronik


Les treize contes sont présentés comme des récits, donc forcément véridiques, authentiques. Pourtant, il s'attaquent à une utopie. le poème qui ne contient qu'un seul mot. La bibliothèque qui doit contenir tous les livres. le livre qui contient tout.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire en séquentiel d'abord dans une des deux langues, puis ensuite dans l'autre. En édition bilingue, on a l'opportunité de découvrir la précision et la subtilité de l'espagnol de Borges, même si comme moi on n'en a que quelques notions scolaires. On connaît le principe: page de gauche, le texte original; à droite, la traduction. On peut immédiatement constater que la page de droite est un peu plus longue que l'autre.

Ces contes fantastiques sont pour la plupart très courts, et en refermant le livre, on se demande quel était le but de Borges: jouer au chat et à la souris avec son lecteur? Peut-être, car certains de ces contes n'ont pas de dénouement. Nous égarer dans des vertiges métaphysiques? le problème de la connaissance, entre autres... Borges est décidément rusé, voire retors.

Je penche plutôt pour l'expression du désenchantement atteint par l'écrivain en fin de vie. Cela est particulièrement flagrant dans "Utopie d'un homme qui est fatigué". L'imprimerie, explique-t-il, pince-sans-rire, fut le pire fléau de l'humanité, car elle a principalement servi à multiplier les textes inutiles. Que dirait-il aujourd'hui devant la logorrhée d'images, d'avis péremptoires, de fake news, et de vidéos, déversée chaque seconde sur internet?

Je n'ai pu aussi m'empêcher de relever les petites remarques assassines distillées sur les sociétés de son temps, sur les politiciens, "des invalides que l'on est obligé de promener dans de grosses voitures", sur les argentins ("être de souche italienne était encore déshonorant à Buenos Aires"), sur les Etats-Unis, ce pays qui ne l'intéresse que fort peu.

Sous l'ironie apparente, l'amertume perce par moments: l'amour ne dure pas, et la philosophie ne semble pas pouvoir beaucoup aider à supporter la vie...
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}