Citations sur Le voyageur (19)
"_Je trouve que vous vous avancez un peu en voyant un ami en Findler, tempéra Stein. Personne n'a jamais pu se prévaloir de cette amitié-là.
_Vous avez sans doute raison, mais parfois il faut s'inventer des amis. On se rassure comme on peut."
Il y a de quoi devenir fou ! Si on tente quelque chose, on commet un délit, mais si on ne tente rien, le châtiment sera encore plus sévère.
Me voilà installé face au siège de ma propre entreprise, se dit Silberman, dont la colère ne cessait de monter, et je ne peux même pas m’aventurer à l’intérieur. C’est à moi qu’elle appartient, à moi seul ! Je l’ai patiemment édifiée, au prix de longues années de dur labeur, mais désormais le moindre apprenti y a davantage son mot à dire que moi ! Je ne peux pas licencier mes employés comme il me plait, mais eux, si ça leur chante, ils peuvent dénoncer à tout moment leur chef et l’envoyer dans un camp de concentration.
Certes, je n’ai pas été arrête, j’ai sauvé une partie de ma fortune, mais je n’ai aucune idée de comment m’en sortir. On a beau tourner l’affaire dans tous les sens, je suis pris au piège. Pour un Juif, le Reich tout entier n’est plus qu’un vaste camp de concentration.
Plus personne ne veut avoir affaire à vous, et quand vous (...) rencontre un [ami], c’est vous qui finissez par regarder ailleurs, uniquement pour ne pas voir l’autre détourner la tête.
(p. 148, Chapitre 4).
En vertu de quoi, au juste, devrais-je lui accorder ma confiance ? rumina-t-il. La confiance, c’est un luxe que je ne paux pas m’offrir. En même temps, il ne faut pas être perpétuellement méfiant, ça non, mais prudent malgré tout.
(p. 73, Chapitre 3).
Je suis un voyageur, un voyageur qui n’arrive jamais à destination. En réalité, j’ai déjà émigré. J’ai émigré vers les chemins de fer du Reich allemand. Je ne suis même plus en Allemagne. Je suis dans des trains qui sillonnent l’Allemagne. C’est très différent.
Il y a trop de Juifs dans ce train, se dit Silbermann. Ça nous met tous en danger. D’ailleurs, si je me retrouve dans cette situation, c’est à vous autres que je le dois. Si vous n’existiez pas, je pourrais vivre en paix. Mais à cause de vous, je suis entraîné dans votre communauté d’infortune ! Rien ne me distingue des autres, mais peut-être qu’en fin de compte, vous êtes véritablement différents ; peut-être que je ne suis pas des vôtres.
(p. 218-219, Chapitre 7).
Je suis un voyageur, un voyageur qui n’arrive jamais à destination.
En réalité, j’ai déjà émigré.
J’ai émigré vers les chemins de fer du Reich allemand. Je ne suis même plus en Allemagne. Je suis dans des trains qui sillonnent l’Allemagne. C’est très différent.