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Critique de Sachenka


Ce roman, le jardin d'Hyacinthe, clôt un cycle. Je suppose qu'il est possible de le lire séparément, le lien étant ténu (à première vue), mais on y perdrait l'essence. Je ne le recommande pas. Dans le premier volet, Âne Culotte, la jeune Hyacinthe disparaît. Eh bien, on la retrouve ici, probablement peu de temps après, bien que sous un autre nom : Félicienne. Des nomades (gitans), qualifiés de voleurs d'enfants, l'abandonnent chez les Guériton, un vieux couple vivant à l'écart. Elle ne parle pas et reste alitée plusieurs jours. Elle reprend des forces mais demeure farouche, indépendante.

Mais je vais trop vite. Pour tout dire, le roman ne s'ouvre pas sur Félicienne/Hyacinthe mais sur Frédéric Méjan de Mégremut. C'est un homme qui habite seul avec sa servante Sidonie. Comme c'est le cas dans l'ensemble de l'oeuvre romanesque de Henri Bosco, le lecteur a droit à une description très évocatrice des lieux. La ferme, sur le plateau de Claparède, ses vergers, les chemins qu'emprunte le vieux berger Arnaviel pour faire paître le cheptel et qui mène jusqu'au village puis aux Borisols. C'est là qu'habitent les Guériton, sur un vieux mas dont la source d'eau commence à tarir.

Ah… la jolie plume de Bosco! J'ai toujours vécu dans des grandes villes, occupé des emplois intellectuels, mais la lecture de ses romans me donne des envies de me faire fermier ou même berger dans les hauteurs de Provence. Et ce n'est pas parce qu'il enjolive tout. Cette vie n'est pas tout repos mais elle semble si belle et si gratifiante.

Pour revenir à l'histoire… si elle m'a enchanté, elle m'a aussi laissé un peu perplexe. Toute la première partie traite de l'amitié naissante entre Frédéric et les Guériton qui, éventuellement, accueillent Hyacinthe/Félicienne. Puis, dans la deuxième partie, la situation précaire du vieux couple dépérit au point où il faut laisser la petite chez Frédéric. La troisième partie est un peu confuse. Et il est impossible de la résumer. C'est un mélange d'impressions, de mystère et d'hymne à la beauté du monde. Je dirai presque une expérience religieuse (quoique Bosco s'en défendrait, je crois). La vie, cette grande inconnue, est une énigme et il faut tenter d'en percer le secret.

Le jardin d'Hyacinthe ne livre pas ce secret, à chacun de découvrir le sien. Toutefois, il piste sur quelques éléments qui pourraient aider dans cette quête. Ne pas mélanger avec un bouquin de psychologie pop. Ça reste un roman, et du grand art. Ceci étant dit, on est loin du récit conventionnel avec une résolution de conflit. Si l'intrigue semble nébuleuse par moments, le lecteur peut toujours se laisser bercer par les beaux mots, les comparaisons et les métaphores, et s'endormir avec des images plein la tête.
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