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Critique de Fandol


Fandol
23 décembre 2017
Dans ce roman policier original, l'auteur allemand Oliver Bottini réussit à créer une ambiance glauque, inquiétante avec une terrible menace toujours présente mais tout cela n'est pas gratuit car Au nom des pères met en lumière un drame historique négligé, celui des Allemands revenus au pays puis renvoyés en ex-Yougoslavie.

D'emblée, la famille de Paul et Henriette Niemann est sous le feu des projecteurs avec leurs enfants, deux ados, Philip (15 ans) qui écoute le Requiem de Brahms et Carola (16 ans), toujours plus fantomatique. Dans leur jardin, rôde un homme, « ombre trapue et négligée dans la grisaille. » Cet homme revient, répète un psaume : « L'Éternel est un refuge pour l'opprimé, un refuge au temps de la détresse. » Puis il donne sept jours aux Niemann pour s'en aller : « Tu pars avec famille, c'est ma maison. »
Cela se passe au sud de Fribourg, à Merzhausen mais le personnage central de l'histoire entre seulement en scène maintenant. Elle est policière et s'appelle Louise Boni, née d'un père français resté en Allemagne et d'une mère allemande partie vivre en Provence. Courageusement, elle a vaincu sa dépendance à l'alcool pas comme son amie, Jenny Böhm, pasteure, toujours accro, qu'elle tente d'aider et qui va lui donner l'origine de ce fameux psaume cité plus haut.
Louise enquête et s'implique à fond dans ce drame qui va sans cesse en s'amplifiant. L'auteur nous plonge dans les luttes intestines de la police, les tentatives d'influence, ceux qui négligent l'affaire, ceux qui en font trop. L'accent de l'homme mystérieux et menaçant, oriente d'abord l'enquête du côté des Russes allemands, Paul Niemann étant administrateur de la ville, service population et traitement des données.
Très vite, Louise comprend que l'homme livre une guerre asymétrique. Il est différent de ceux recherchés habituellement et cela le rend d'autant plus dangereux. de son côté, Carola apparaît comme le véritable coeur de la famille mise en péril par une menace sournoise mais bien réelle.
Enfin, on apprend que, à cause des Habsbourg, beaucoup d'Allemands sont partis à l'Est, vers la Russie et la Yougoslavie. À la fin de la seconde guerre mondiale, Tito a chassé les Allemands de Yougoslavie. Ces Allemands étaient des Souabes du Danube ayant émigré au XVIIIe siècle. Beaucoup sont morts durant ces migrations voulues ou imposées mais à la fin des années 1990, à Munich, on a renvoyé les réfugiés bosniaques et croates dans leur pays détruit.
Or, Paul Niemann a travaillé à Munich, dans un service « qui devait décider du destin d'êtres humains qu'ils ne voyaient jamais en chair et en os », des personnes sollicitant le renouvellement de leur permis de séjour. Il avait affaire à « un vieux guerrier », un homme ayant un motif potentiel de vengeance : avoir été « expulsé de la nouvelle patrie où il était en sécurité. »

Je n'en dirai pas plus pour laisser à chacun le plaisir et l'intensité de la découverte d'une histoire insolite et méconnue touchant au drame des réfugiés, un problème hélas toujours très actuel.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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