Citations sur Steaksisme : En finir avec le mythe de la végé et du vi.. (6)
Il faut prouver qu'on est un homme pour être validé par le groupe, sous peine d'être marginalisé, moqué, humilié, voire battu ou même tué. Car la masculinité hégémonique se construit en opposition au féminin et aux autres formes de masculinité. Dans nos sociétés contemporaines, elle encourage les comportements à risque (drogue, alcool, tabagisme, vitesse au volant, rapports sexuels non protégés...), le recours à la violence (envers soi et les autres), censure les émotions et décourage le suivi médical ou psychologique. La masculinité hégémonique valorise l'autorité, la domination des femmes, l'hétérosexualité, la compétition, la force physique, la réussite économique et professionnelle, l'autonomie ou encore la liberté. Celle de manger ce dont on a envie, par exemple, contrairement aux femmes, qui se contrôlent et se privent. Ce sont les traits typiques de la masculinité hégémonique que la publicité utilise pour inciter les hommes à consommer des aliments codés comme masculins, notamment la viande, afin d'en ingérer les propriétés viriles. Je mange (de la viande), donc je suis (un homme).
La "fille cool", c'est la bonne élève de l'hétéropatriarcat, autorisée à briser les tabous tant qu'elle reste baisable, qui peut manger et boire comme un mec tant qu'elle ne demande pas à être payée autant qu'eux.
Outremanger est encouragé chez les garçons et les hommes, surtout dans un cadre convivial. Pourtant, c’est un comportement tout aussi pathologique que suivre une diète permanente. L’un est pourtant auréolé de prestige social, quand l’autre est nimbé de honte ou provoque l’agacement, surtout pour les femmes (« elle nous fait chier avec son régime ! »).
Quinoa contre RSA. Nature contre culture. Comme s'il fallait hiérarchiser les luttes de la même manière qu'on hiérarchise les genres. Les comportements écolos ou altruistes sont donc perçus comme dévirilisants, car les hommes craignent la dégringolade sociale ou l'humiliation d'être vus comme des sous-hommes, c'est-à-dire presque des femmes. La force physique, l'indépendance, les comportements à risque et les excès figurent parmi les cases à cocher dans le grand bingo de la masculinité hégémonique.
Traduction : on peut plus polluer tranquille, être sexiste, misogyne, raciste, homophobe ou validiste, et les féministes nous font chier. (En revanche, sur la fête après 10h, je sèche...) Heureusement, on peut encore manger de la viande, parce que la viande, c'est la liberté, c'est la France messieurs-dames, c'est la tradition, le bon vieux temps, ambiance saucisson-vin rouge, où on pouvait mettre une main aux fesses de sa secrétaire sans s'inquiéter des conséquences et cloper en voiture, sans ceinture, fenêtres fermées, avec les enfants à l'arrière. bref, c'était mieux avant. Mieux pour qui ?
En somme : manger des yaourts rend heureuse (et mince), être heureuse (et mince) rend belle, être belle (et mince) rend désirable - bravo, vous êtes une femme acceptable !