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Critique de akcd


La Mère Quinton, la Mère Fillioux et la Mère Bizolon, trois figures emblématiques de la gastronomie française de la Belle Epoque et des Années Folles. La première est auvergnate, les deux autres sont lyonnaises. Restaurant gastronomique et bouchon lyonnais, clientèle de luxe, bourgeoise ou ouvrière, ces trois grandes cuisinières incarnent différents mouvements gastronomiques. Bernard Boucheix a choisi de les regrouper dans une même biographie sous prétexte de la réunion récente des régions Auvergne et Rhône-Alpes au sein d'une même grande région.
Je suis tellement désolée, lorsque je referme un livre, déçue… le prologue, culpabilisant et moralisateur sur la malbouffe d'aujourd'hui, m'a mise mal à l'aise. Il utilise l'évolution des moeurs pour justifier une biographie sur la gastronomie. Pourquoi pas. Mais poussons dans ce cas le raisonnement de l'auteur jusqu'au bout : si aujourd'hui on mange mal et vite, des trois modèles culinaires présentés dans cet ouvrage, seuls le premier et le deuxième peuvent être considérés comme des exemples à suivre. Et encore !
Bernard Boucheix tente des parallèles entre les trois restauratrices. Il parle d'une « même histoire commune ». Je ne suis pas convaincue par son raisonnement. Elles sont toutes les trois de racine paysanne et ont parlé un patois local avant de parler français ; c'est peu, pour justifier d'une histoire commune. D'ailleurs, les pages dédiées à l'une ou l'autre des trois « Mères » ne sont pas construites sur le même plan. le plan des chapitres consacrés aux deux premières est en plus confus et peu convaincant. de la « Mère Quinton », l'auteur évoque les mondanités (le couple d'amants qu'elle a couverts et le Cabaret Belle Meunière à l'Exposition Universelle 1900) et ouvre le débat l'émigration auvergnate au fil des siècles ; quel rapport ? La « Mère Fillioux » est davantage évoquée derrière ses fourneaux ; le lecteur a même le droit à une recette de poularde pochée. Elle sert de prétexte à une réflexion sur l'identité gastronomique de l'Auvergne et de Lyon, sur la naissance des Chocolats Voisin et la consommation des crêpes et beignets ; je ne vois pas de lien avec la cuisinière. La « Mère Bizolon » est la seule « Mère » de cet ouvrage dont le chapitre dédié est entièrement consacré à sa vie et aux bouchons lyonnais qu'elle a si bien incarnés. Ce chapitre décrit de manière intéressante les différences culturelles entre les bouchons fréquentés par des ouvriers et la haute gastronomie raffinée et luxueuse. C'est le seul chapitre de cet ouvrage qui m'a vraiment intéressée.
Hormis des précisions sur la vie de la « Mère Bizolon » qui, des trois, est probablement la femme d'exception la plus admirable, je n'ai rien appris. La biographie est décousue, mal écrite. Des propos convenus hors contexte (sur le jazz, le surréalisme, le music-hall et j'en passe). Des digressions personnelles tout à fait inutiles. Des répétitions d'idées entre le prologue, le contenu et l'épilogue, qui fatiguent la lecture. La tentative d'unité régionale Auvergne-Rhône-Alpes à travers cet ouvrage n'a aucun intérêt. Heureusement, de nombreuses illustrations d'époque agrémentent le récit et le rendent plus vivant, surtout celles sur lesquelles figure la « Mère Bizolon », moins statiques que les poses des autres « Mères » ou les cartes postales paysagères.
Je regrette de fermer l'ouvrage sur cette note négative, d'autant plus qu'il a suscité en moi de l'intérêt pour ces trois femmes, mais sans l'assouvir.
Lien : https://akarinthi.com/
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