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Critique de MarianneL


Au quatorzième siècle, au début du petit âge glaciaire, L'Abbé Montanus reçoit l'instruction du Cardinal-Archevêque de Nidaros (dans l'actuelle Norvège) de se rendre en Nouvelle-Thulé (au nord du Groenland), pour ramener vers l'église les habitants de cette lointaine contrée, et pour y pourchasser «l'hérésie, l'apostasie, l'incroyance, l'abandon de pratique, le parjure, la gloutonnerie, la luxure simple et la sodomitique.» Pour entreprendre ce périlleux voyage, sa première mission est de construire son navire qu'il baptisera Court Serpent.

Au terme d'un voyage qui est déjà une succession de souffrances et d'abominations, l'Abbé et ses compagnons rescapés de ce périple atroce, vont découvrir un peuple qui avec les souffrances du froid, de la misère et de la faim, retourne dans les ténèbres de l'infâme et de la barbarie.

Ce livre est fascinant par la langue sublime, par la justesse des mots parfaitement choisis pour dépeindre un voyage dans les tréfonds de l'horreur, par la trajectoire de l'Abbé et de ses hommes qui n'ont pas d'autre choix pour tenter de survivre que de suivre la trajectoire et les pratiques infâmes des quelques survivants dans ce pays hostile, et enfin par ce que la narration laisse apercevoir du manque de fiabilité du narrateur, l'Abbé, qui par ce récit de son périple à celui qui l'a missionné, souhaite visiblement tout autant se confesser que d'éviter d'être condamné par l'église.

«Einar Sokkason m'instruisit du seul prêtre survivant ; encore faut-il un mélange inouï d'audace et de foi pour persévérer, sur la seule force de l'ordination, à parer du beau titre de prêtre le monstre porcin qu'il traina à mes pieds. Je remerciai le ciel que ce misérable ne fut plus en état de célébrer le Saint Sacrifice qu'aurait profané son abjection. Couvert de poux, la bouche encombrée d'une mousse glaireuse aux émanations impures, et tenant par la main une petite publicaine à peine pubère, il vomit cent blasphèmes que l'absence de toute boisson forte dans cette extrémité du monde privait des excuses de l'ébriété.»
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