[ un Tunisien, milieu des 70's ]
- ... et je suis arrivé en France et j'ai direct trouvé du travail. Dans le bâtiment, en intérim. Mais jamais j'ai vu une fiche de paie ! On nous payait à la fin de la journée, comme ça ! (...)
- Moi je pense que les patrons ça les arrange bien de faire travailler des immigrés...
- Mais le plus dur, c'est rentrer dans la merde, tous les soirs, le froid, la boue...
- Vous étiez combien à vivre au bidonville ?
- 200 au moins ! Je suis là depuis deux ans et j'en ai vu très peu avoir un vrai logement... Tu vois, les HLM, c'est pour les familles seulement. Nous on est les 'célibataires', comme ils nous appellent. On a droit à rien, juste à vivre comme des rats ! Jamais on vivra comme les Français...
(p. 68)
[ janvier 1973, un bidonville près de Lyon, peuplé d'immigrés maghrébins ]
- Et vous êtes combien à vivre là-dedans [ dans une caravane ] ?
- Quatre. Et dans le vieux bus, ils sont plus d'une dizaine...
- Et vous bossez tous à l'usine ?
- Non, moi je travaille sur les chantiers. Et l'été on est plusieurs à ramasser les fruits dans les champs...
(p. 19)
En France, une grève qui n'embête personne équivaut à une grève de la faim.
- C'est pas possible ! On peut pas continuer, c'est trop dangereux !
- Qu'est-ce qui va se passer pour nous quand on va rentrer au pays, hein ?!
- Camarades, ne cédez pas à la peur...
- C'est ce qu'ils cherchent à faire, nous déstabiliser !!
- Et nos familles au pays dans tout ça ?! On ne veut pas qu'il leur arrive quelque chose à cause de nous !
- C'est de l'intimidation. Le consul ne vous pas a pas vus ! Il ne sait pas qui fait grève [de la faim] en ce moment, donc comment ferait-il le lien avec vos familles en Tunisie ?
(p. 51)
C'est leur lutte, leur corps. Donc c'est aussi leur choix.
(page 96)
Contre la circulaire Fontanet qui légalise la surexploitation des travailleurs immigrés et donne un moyen de pression supplémentaire aux patrons.
(page 30)