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Critique de Root


Root
23 novembre 2019


Nick Power gobe les cachetons comme des bonbons. Une petite poignée dans la poche au cas où, une réserve dans sa table de chevet, il a toujours ce qu'il faut à portée de main. Il est l'une des nombreuses victimes des benzodiazépines, ou comment se droguer en toute légalité et jouir d'un sommeil chimique… Un pansement sur une plaie infectée, vous dites ? Nick gratte quelques heures d'un repos perturbé ici et là, et il erre désormais dans un flou permanent : quel jour sommes-nous ? Qu'a-t-il fait la veille ? Quand son épouse, Chloé, doit s'absenter pour son travail, et qu'il reçoit son vieux pote Pierre et sa femme, Nick ne parvient pas à donner le change. Absences, conduites à risque, rêves étranges qui se mêlent à la réalité, notre insomniaque perd complètement les pédales et nous fait une crise de parano…

À travers les pensées chamboulées de son personnage, l'auteur nous fait vivre de très près le quotidien d'un mec qui avait tout pour être heureux – un boulot, un couple solide, une passion pour la (bonne) musique, des amis dévoués – mais qui a mis les deux pieds dans un engrenage infernal. Dès les premières pages, on est « dans le truc » : le style est nerveux, incisif, le gros point fort du roman, et Noël Boudou parvient sans mal à semer chez le lecteur le même trouble que celui qui fait chanceler son malheureux héros. Les personnages secondaires sont atypiques et réjouissants, servant le côté déjanté du roman et donnant lieu à des situations merdiques, il faut le dire, qui vous font sortir les yeux de la tête. Les chapitres sont brefs, on les avale comme Nick ses pilules avec une dose de JD. J'étais donc bien lancée dans ma lecture quand là, petite déception… Certains éléments, à mon sens, n'auraient pas dû arriver si tôt dans l'histoire. J'ai compris bien trop vite. J'aurais aimé me tromper, être tombée dans un piège sournois qui m'aurait fait choir de ma chaise au moment du dénouement… mais non. Ça a un peu gâché le plaisir.

Cela dit, c'est mon seul regret. Benzos est un bouquin assez audacieux : je cautionne la dénonciation du business pharmaceutique et des manquements de la médecine. Certes, on est ici dans une fiction – qui va très loin, beaucoup plus loin qu'on l'imagine, et c'est tant mieux –, mais je peux vous assurer qu'on est parfois très proche de la réalité (c'est une ex-grosse consommatrice des baguettes quadrisécables dans la boîte verte qui vous le dit). Je vais de ce pas me faire une camomille et je vous laisse découvrir la descente aux enfers de l'antihéros Nick Power.



Merci à Joël et aux éditions Taurnada
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