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Critique de sylviedoc


Iliade est une bibliothécaire un peu particulière : elle possède le don d'arracher les mots écrits à leur page pour les matérialiser sous la forme d'ectoplasmes représentant l'univers qu'elle raconte. Elle est employée à la bibliothèque de Pergame, ville du royaume d'Esmérie. Et quand elle raconte une histoire de sa voix envoûtante, c'est carrément magique. Mais elle va bientôt quitter son emploi pour partir à la capitale, Babel,pour y épouser un mystérieux prétendant appartenant à la famille royale. Sa fantasque grand-mère, mamie Cassandra, l'accompagne pour la chaperonner. Arrivées à Babel, elles retrouvent une des soeurs d'Iliade, Virginia, journaliste pour La Fronde, qui comme son titre l'indique s'oppose à la politique de la famille royale. Une fois installée au palais, Iliade s'attend naturellement à faire la connaissance de son fiancé. Mais celui-ci tarde à se montrer...
Et Iliade a beaucoup de mal à intégrer les usages de la cour, elle ne s'y sent pas à sa place même si elle subjugue chaque soir les riches habitants invités à ses prestations d'arrache-mots. Et les choses ne s'arrangeront pas quand elle rencontrera enfin le fameux Lord Tarlyn, qui ne correspond pas vraiment à l'image du prince charmant ! Et elle se retrouvera bien malgré elle mêlée à de sinistres projets.

Ce que j'en ai pensé : Lorsque j'ai lu le titre dans la liste de notre prochaine sélection pour le Comité de lecture Ado, cela m'a plutôt évoqué une scène de torture : je visualisais des tenailles arrachant la langue à un prisonnier ou quelque chose du genre. J'ai compris que j'étais à mille lieues de la réalité lorsque j'ai eu le livre en main. La couverture est magnifique, avec ses incrustations dorées, et ce vêtement noir qui met en valeur le profil d'Iliade, avec sa chevelure rousse, et les arabesques qui s'échappent de sa bouche. Les pages intérieures sont elles aussi agrémentées de dessins noirs qui les rendent très attractives. J'avais déjà un a-priori très positif avant de commencer ma lecture ! Et il s'est vérifié par la suite, quand j'ai commencé à être happée par la magie du don d'Iliade, un don qui ferait rêver n'importe quelle bibliothécaire ou documentaliste. L'écriture est très poétique, truffée de références à de grands écrivains et poètes, à commencer par Homère bien sûr, mais aussi Du Bellay, La Fontaine, Racine et bien d'autres aux personnages desquels Iliade prête vie. Chaque auteur ou oeuvre cité(e) a droit à une petite note en bas de page le (la) présentant rapidement, mais sans lourdeur, ce que j'ai trouvé très bien pensé et pédagogique sans alourdir. L'humour est très présent également, notamment dans les descriptions des différents personnages, et à travers mamie Cassandra, la grand-mère « qui fait feu de tout bois », au sens propre. La magie n'est pas omniprésente, mais les quelques touches ajoutent sans conteste une dimension intéressante. J'ai trouvé l'atmosphère de la cour bien rendue, avec ses intrigues, ses suivantes prétentieuses et les m'as-tu-vus qui viennent se pavaner (comme Hélinant de Vraincoeur, l'ex-fiancé d'Iliade). Il y a également un complot qui se trame, et de sombres rivalités au sein de la famille royale. Et bien sur une romance, pas niaise de surcroît, bref de quoi contenter un large panel de lecteurs. L'histoire se situe dans une temporalité assez indéfinissable, certains éléments laissent suggérer qu'il s'agirait d'un univers parallèle au nôtre il y a environ un siècle, mais comportant de nombreuses différences liées entre autres à la magie.
Certains personnages m'ont accroché, Iliade bien sûr (que j'envie beaucoup!), Mamie Cassandra qui veille farouchement sur elle, le roi Baltassar est touchant même s'il semble plutôt effacé, et Lord Tarlyn gagne à être connu. Comme on s'y attend les personnages qui gravitent à la cour sont montrés sous un jour peu flatteur et n'inspirent guère de sympathie. Je ne trouve réellement rien à dire de négatif sur ce roman, j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire.

Conclusion : J'ai pu lire ici et là des comparaisons avec « La Passe-miroir », d'Estelle Dabos, que j'ai seulement feuilleté, donc je ne peux pas juger de la similitude entre les deux. Mais je pense que celui-ci s'adresse plus particulièrement à des jeunes de niveau 4è-3è (et au-delà pour ceux qui aiment les univers un peu fantasmagoriques)., donc plus jeunes que pour « La passe-miroir ». A mon avis il pourrait se prêter à une lecture à haute voix, avec son écriture fluide et empreinte de poésie. Je le recommande chaudement aux parents qui la pratiquent ainsi qu'aux documentalistes de collège. Une belle découverte !
Lu dans le cadre du Comité de lecture Ado.
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