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Critique de LoupAlunettes


: Un vrai plaisir que cette collection " de l'autre côté du mythe", avec le talent d'écriture de Flora Boukri qui saura raconter et transformer un conte mythologique en roman tendu, passionné et passionnant d'aventure.
Nous avions eu un vrai coup de coeur pour l'adaptation du mythe de l'amazone Penthésilée et c'est fort de cette dernière impression que nous plongerons dans celle d'une des plus célèbres gorgones, croisée sur le récit de l'héroïque demi-dieu Persée: Méduse.
Nous dirons " Médousa" ici.

Le prologue sera une excellente mise en place, présentant la situation de départ avec une guerre froide entre anciens et nouveaux dieux régnants, les vieux Titans déchûs par les jeunes Olympiens.
La déèsse Athena sera invitée malgré tout sous les eaux à assister au nouvel accouchement de la déesse marine Céto: des triplées. Elle est la soeur d'un vieux dieu marin, Nérée, dans les bonnes grâces des Olympiens ( une cinquantaine d'enfants, il aurait eu dîtes-vous?).
C'est Athena qui retiendra la main de Phorcys, le père plein de rage, devant l'aspect hideux de la dernière des triplées.
Cela commence bien. N'est pas bon parents qui veut, non, surtout chez les dieux, on le sait.

Certaines versions du mythe de Meduse raconteraient que c'est la déesse Aphrodite, jalouse de la beauté des trois soeurs, qui les rendit toutes les trois laides et monstrueuses.
Qu'en sera t-il ici?

Le traitement de cet univers et du personnage de Medousa seront assez inattendus pour certains lecteurs amateurs de mythes, originaux.
On ne s'y attendrait pas.
L'approche du personnage de Medousa sera psychologiquement sensible, gaie mais soucieuse.
Le personnage sera née d'une forme de handicap qui lui vouera une protection incessante de la part de son entourage (très aimant) qui lui sera immortel.
Oui, Medousa est curieusement née mortelle.
Nous aurons un peu l'impression d'un handicap des os de verre, à vivre auprès de ces dieux insouciants du danger, des cataclysmes, mais toujours stressés à l'idée que l'enfant sorte des limites autorisées.
Nous apprécierons l'approche du problème qui occupera l'esprit de la jeune fille par Athéna et par l'auteure, développant la mortalité (celle des hommes donc) et la liant au plaisir de vivre dans l'instant, pour ce qu'il est et non parce que les choses sont éternelles.

Nous n'aurions pas imaginés l'univers de Méduse dans des descriptions marines, ni les soeurs de Medousa à la peau bleue ou la sienne à la peau claire, comme les humains.
Il y aura bien d'autres intrigues prévues que les états d'âme de Medousa: la position sociale de sa famille.
Nous aurons aussi dans cette histoire tout un aspect politique de fond qui jouera dans les comportements des personnages de ce monde en sursis. le père de Medousa, pro-Titans, aura offensé les Olympiens et la famille entière donc vivrait exilée et sans maison si elle n'avait pas été acccueillie par l'oncle Nereus( Nerée), plus diplomate avec les Olympiens (et qui tentera de placer sa fille Amphitrite en mariage pour regagner des nouveaux dieux, les faveurs de Zeus et les siens).
Athena fera continuellement le lien entre les deux camps pour ménager une trève.
Mais ceux qui connaissent un peu les mythes savent, ils savent que Athena et son oncle ne s'estiment pas beaucoup, encore plus depuis qu'Athena remporta le concours pour le culte de la grande ville d'humains d'Athènes.
Un affront.
Nous n'aurons pas de petits clin d'oeil pourtant.
La dualité mortelle/ Immortelle ou salvatrice/toxique est intéressante.
Medousa n'est pas immortelle mais le personnage est en bonne santé.
La conscience de sa mortalité engendrera un conditionnement de la jeune fille qui ne s'autorisera pas, alors que si elle chute, bute, se cogne, cela ne présagera rien de forcément fatal.
Mourrons-nous à chaque fois que nous tombons?
Le personnage devra donc dépasser cela, cette appréhension faussée d'un monde extérieur possiblement hostile à chacun de ses pas hors de l'eau.

Quand verra t-on le monstre?
L'évocation de Méduse: une créature à queue et chevelure de serpents. Un monstre tellement laid que l'on devra détourner le regard sous peine de se voir pétrifier d'un coup d'oeil.
L'image est forte. Tandis que nous aurons dans l'esprit une terrible agression vers autrui, nous ne saisirons pas la véritable offense faite au personnage dont le maléfice éloignera l'affection de quiconque.
L'auteure commencera dès le début à jouer avec une nature divine qui ne se révèlera que dans sa chevelure, incroyable extension d'elle-même.
La crinière douée d'empathie tentera même de l'étouffer à la naissance en réaction à ses cris violents de bébé.
Quelle horreur...ou quel prodige?
Ces mèches ne sont pas des serpents mais elles sont bien vivantes.
Quel rôle aura cette chevelure vivante pour la suite des aventure de Medousa?
Nous serons (cruel que nous sommes) impatient d'en venir à l'évènement qui changera à jamais son destin.

Comme avec le récit de Penthésilea, l'auteure finira par multiplier les témoignages sur plusieurs parties, afin d'enrichir le récit de vues différentes du même drame.
Rien n'est moins intéressant dans ces tragédies grecques que de connaitre quelles sont les enjeux et les attentes de chaque acteur dans ces joutes divines.
On aime.
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