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Critique de cathcor


Si la réussite d'une biographie se mesure à l'envie qu'elle donne de courir à l'oeuvre et à la sympathie qu'elle suscite pour celui qu'elle évoque, alors la biographie d'Alain Boulaire est une réussite.
J'étais pleine de préjugés - ou plutôt d'ignorance - concernant Louis Hémon, comme d'ailleurs la plupart de ses lecteurs ( certains le croient même québécois ! ) . Pour moi, c'était l'auteur bien pensant d'une oeuvre unique MARIA CHAPDELAINE. Cette image a d'ailleurs été plus ou moins véhiculée par sa soeur, qui prit, à sa mort, ses affaires en mains, y compris l'éducation de la petite Ketty de 4 ans, née de ses amours avec une actrice anglaise, rapidement atteinte de maladie mentale. Cette paternité, ce n'est que par le hasard d'une lettre ouverte par indiscrétion que ses parents l'apprirent.
Louis Hémon est en fait un écrivain de grande valeur, auteur de beaucoup d'autres oeuvres méconnues, dont certaines semblent même surpasser Maria Chapdelaine. Il est hélas mort trop tôt, à 33 ans, d'un stupide accident, au Canada dont il allait repartir.
C'est une personnalité complexe et attachante. Ce jeune breton, né bourgeois, a horreur de la bourgeoisie. Destiné à une carrière dans l'administration, ayant étudié le droit et les langues orientales, il est fou de sports - aviron, boxe, course à pieds, natation - de littérature et de voyages. C'est un dilettante, voire un paresseux aux yeux de ses sages parents, et surtout de son inspecteur général de père. Il parcourut pourtant le Canada à pieds, y vécut 8 mois, partagea la très dure vie des bûcherons, dormant comme eux à même la neige, enroulé dans une couverture sur un lit fait de branches de sapins. Cet hypersensible, néanmoins plein d'humour ( voir ses lettres à "Poule", sa soeur Marie), sera parfois le souffre-douleur de ses rudes compagnons. En 6 semaines, en se levant souvent à l'aube, il écrira "Maria Chapdelaine".
Sait-on qu'il a été journaliste sportif ? Qu'il aimait la vie et voulait la goûter dans sa totalité ( il n'hésitera pas, par exemple, à partager le repas de romanichels, un hérisson, cuit avec ses piquants dans une carapace d'argile ! ) ? Sait-on qu'il pouvait parcourir à pieds de 160 à 180 kms en 3 jours?
Lire la biographie d'Alain Boulaire - si on va au-delà des 25 premières pages, un peu pesantes, sur la famille Hémon - c'est se donner les moyens de réparer une grande injustice et de rendre sa place à un auteur qui, comme l'écrit Charles le Goffic "est célèbre dans le monde entier sauf dans son propre pays". C'est aussi réparer l'injustice faite à la petite Kitty, qui, éduquée par sa grand-mère Hémon dans la quasi- ignorance de ses origines ( naissance illégitime, folie de sa mère), ne découvrira qu'à 55 ans, en 1964, ces secrets de famille.
Merci donc à Babelio, à Massse Critique et aux Editions le Télégramme. ,
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