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Critique de Calimero29


Ce roman est construit autour de trois femmes camerounaises dont les voix se complètent, s'entremêlent pour rendre hommage à toutes les femmes camerounaises et pour dépeindre un Cameroun au moment de son indépendance jusqu'à nos jours, blessé par la gangrène de Boko Haram.
L'auteur donne la parole à Anna, qui va mourir très prochainement d'un cancer et qui ne cesse de parler pour témoigner et transmettre avant qu'il ne soit trop tard; on suit le combat de cette petite fille, dont la mère est morte en couches, qui vit dans des conditions très pauvres et à laquelle l'amour des livres et l'éducation vont offrir le liberté. Abi, sa fille unique, journaliste, installée en France, divorcée, un fils, essaye de toutes ses forces de recréer un lien avec cette mère dont elle ne se sentait pas proche, enfant. Enfin, Tina, jeune fille de 17 ans, qui vit au Cameroun, sous l'attention affectueuse d'Anna et qui aime le fils d'Abi, témoigne des ressorts qui peuvent conduire des jeunes à rejoindre l'enfer de Boko Haram et de ce qu'ils peuvent y subir.
"Les jours viennent et passent" est un très beau roman d'amour : amour pour son pays meurtri, amour pour ses enfants qu'on comprend si mal, amour pour son mari qui peut se transformer en haine; bref, un amour loin d'être idéal mais si fort et si humain.
C'est aussi un roman de transmission de mère à fille, des anciennes aux jeunes filles avec en filigrane le thème de la réappropriation de sa culture, de son identité après la colonisation.
C'est enfin le roman de la déliquescence d'un pays où l'argent corrompt la vie publique, où les jeunes veulent aller chercher l'Eldorado en Occident ou un sens à leur vie au sein de Boko Haram. le récit de Tina, au sein de ces fanatiques islamistes, est très fort, il prend aux tripes. Il m'a rappelé l'émotion puissante que j'avais ressentie à la lecture de "Girl" d'Edna O'Brien sur l'enlèvement par Boko Haram, en 2014, au Nigeria, de 276 lycéennes de 12 à 16 ans, d'ailleurs évoqué dans le roman. Emley Boum utilise, elle aussi, un fait réel,l'attentat de Kolofata, dans le nord du Cameroun, qui a fait 150 morts. Elle veut ainsi probablement rendre hommage aux victimes qui n'ont fait l'objet que d'un entrefilet dans la presse, reprenant en cela la même démarche qu'Edna O'Brien dont le roman était sorti un mois auparavant.
Un magnifique roman puissant, aux personnages très attachants.
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