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Critique de Denis_76


Nous sommes en 1760, à Vienne. Elisabeth Badinter, dont j'aime les écrits, présente ici une compilation de 192 lettres d'amour d'Isabelle de Bourbon Parme, petite-fille de Louis XV, à l'archiduchesse Marie-Christine de Habsbourg, fille de l'impératrice Marie-Thérèse, écrites entre 1760 et 1763, date de la mort d'Isabelle.
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E. Badinter trouve Isabelle très intelligente, une des rares femmes philosophes, une oubliée de l'Histoire.
Personnellement, à la lecture de ses lettres, c'est plutôt assommant de banalités d'occupations de princesses et de passion toujours rabâchée, et même morbide. Vous allez me dire que je suis sévère. J'ai vécu une passion : ça détruit, ce n'est pas agréable à raconter. "Je meurs d'amour pour toi...", elle l'écrit, et je pense qu'elle est vraiment morte pour elle, elle le prévoit, elle s'affaiblit, elle voit Marie-Christine amoureuse du prince de Wurtemberg, éloigné par l'impératrice parce que pas assez "haut" dans la hiérarchie, puis celle-ci est "donnée" au prince Albert.
Par ailleurs, sa passion la dévore, elle baise par écrit "le délicieux petit cul" de Marie-Christine ( ont-elles fait l'amour ? on ne sait pas ), et elle fait à peine cas, dans ses lettres, de sa mère, Louise-Elisabeth de France, de son mari, le futur empereur d'Autriche Joseph II, de ses frères et soeurs, et de son enfant Marie-Thérèse. Arrivée à Vienne, elle fait beaucoup plus attention à son nouvel entourage. Affaiblie par sa passion, ses coliques, ses grossesses, la variole, elle meurt trois ans plus tard.
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L'intérêt de ce recueil de lettres est de nous plonger dans la grande Histoire européenne du XVIIIè siècle : les alliances politiques sont primordiales : Louis XV marie sa fille Louise-Elisabeth à l'infant d'Espagne, par exemple. Bon, ce qui est intéressant aussi, c'est qu'Isabelle a connu la cour à Madrid, puis à Parme, Italie, et enfin à Vienne au château de Schönbrunn.
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On sent par ailleurs que les princes ( chasse, danse, opéra, etc ) sont complètement déconnectés de la vraie vie, ce qui amènera en France la révolution.
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Enfin, ce qui m'a séduit tout de même chez Isabelle n'est pas sa philosophie, mais sa psychologie : dans son "testament-conseils" qu'elle lègue à Marie-Christine à sa mort, elle lui confie toutes les manières prudentes de se faire aimer de sa mère l'impératrice qu'elle connaît bien ; elle lui révèle ce qu'elle pense du caractère à la fois bon, vif et réfléchi de celle-ci, ainsi que la façon d'aborder l'empereur François.
Elle est morte en 1763. Dommage, deux ans plus tard elle aurait été impératrice, avec son Joseph qui l'aimait tant !
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Pas un mot de Marie-Antoinette, trop petite, née en 1755, fille de l'impératrice, future reine de France. Dans la belle bio de Stefan Zweig sur Marie-Antoinette, celui-ci glisse des lettres de l'impératrice à sa fille : on sent l'inquiétude de la mère !
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