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Critique de Andromeda06


"Florida" est le troisième et dernier roman d'Olivier Bourdeaut à ce jour. "En attendant Bojangles" m'avait moyennement plu, "Pactum salis" avait été une agréable surprise, et "Florida" tout autant, alors que le ton employé est bien différent des deux autres.

Pour son septième anniversaire, Elizabeth a reçu en cadeau une très belle robe de princesse, en vue du concours de mini-miss qui se déroule un peu plus tard dans la journée, près de chez elle. Que se serait-il passé si Elizabeth avait perdu le concours ? Certainement pas la même histoire que je viens de lire, sans aucun doute...

C'est ce jour-là qui a fait basculer l'enfance d'Élisabeth. C'est sa première place sur le podium qui l'a amenée vers d'autres concours... Pendant cinq ans, Elizabeth a appris à être la plus jolie. Elle a récité des textes mielleux pour attendrir les jurys. Elle s'est entraînée dur aux chorégraphies, à marcher comme il faut, à sourire comme il faut, à poser comme il faut. Mais si elle est souvent arrivée en seconde place, jamais plus elle n'est arrivée la première. Partagée entre une mère qui lui impose de réussir et un père qui apprécie ses week-ends sans ses femmes dans les pattes, Elizabeth a tout simplement pété un plomb...

Placée en pension, Elizabeth apprendra que son corps lui appartient et qu'elle peut en faire ce qu'elle veut... Elle vient de trouver comment se venger de sa mère...

Sous forme de journal intime, c'est Elizabeth qui nous raconte sa propre histoire : les week-ends consacrés aux concours, la pension, sa fugue, les différentes étapes par lesquelles elle est passée pour assouvir sa vengeance.

Pour ce troisième roman, Olivier Bourdeaut change de ton du tout au tout. Si le style d'écriture est toujours aussi appliqué, il n'y a rien ici de sarcastique ou de badin. le ton est enragé, amer, acide, dominé par la colère et la rancoeur. Parce que oui, Elizabeth en veut à ses parents, à sa mère particulièrement, elle ne leur pardonne pas et ne pense qu'à les détruire. Ses mots sont crus, ils fulminent. Elle ne s'aime pas, son corps la dégoûte, et cherche à le changer coûte que coûte. Elizabeth n'est que haine et on le perçoit durant toute notre lecture.

Abordés de manière plus posée, les thèmes qu'a choisi d'évoquer Olivier Bourdeaut en sont plus percutants. Autodestruction, vengeance, insatisfaction permanente, haine, narcissisme et culte du corps sont ce qui domine le récit et font d'Elizabeth un personnage cassant, cassé. Je ne m'y suis pas attachée, certainement à cause de son trop-plein de colère qui l'empêche d'avancer. En revanche, elle reste touchante à sa manière, apitoyante, pleine d'ambiguïté. On la voit évoluer et tester son corps au fil des pages, on la voit se détruire à force de vouloir détruire ses parents. Plus on s'approche de la fin, plus on se demande comment tout cela va se terminer, si elle obtiendra satisfaction et surtout à quel prix.

Et voilà que vient le dénouement, pas tout rose comme on s'y attend, moins pire que l'avant-dernier chapitre laissait présager, pas totalement satisfaisant à mon goût mais qui clôt tout de même bien l'ensemble du récit.

Olivier Bourdeaut est assurément un auteur à suivre. Trois romans à son actif, trois histoires abordées de manière différente à chaque fois. Si l'un ne vous a pas plu, il n'est pas dit qu'il en sera de même pour les deux autres.
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