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Critique de soniamanaa


Certains cadeaux nous arrivent inopinément sur les étals d'une brocante. Ainsi ce court texte de Madeleine Bourdouxhe, grande dame de la littérature belge, amie de Simone de Beauvoir, et, comme elle, pionnière d'un féminisme tout en nuances et intelligence.
L'écriture est absolument somptueuse, menant son héroïne, Marie, sur un chemin d'émancipation sans fracas ni tumultes, comme une rivière trouve son chemin dans un chaos de pierres.
Marie est l'épouse parfaite - belle, douce, aimante, attentive - d'un homme qui la considère tantôt comme un bel objet et souvent comme une très jeune enfant.
Dans cette cage dorée, Marie lisse ses plumes, avec, en elle, la nostalgie d'un ailleurs possible, un autrement à inventer.
Un regard furtivement échangé sur une plage du sud, deux bras inconnus pour l'entourer, seront le premier pas vers l'éclosion d'une femme neuve, attentive à ses désirs, découvrant le bonheur d'être soi, et dont les déambulations solitaires sont autant d'incursions vers une plénitude qu'elle devinait tapie tout près.
La recherche de Marie la conduit simplement à elle, nourrie de désirs secrets dans un accord fragile qui lui permet de conjuguer son statut d'epousée tendre et respectueuse avec une part de jeune animal affamé de vie et de découvertes.
"Savent-ils aussi que cette grandeur qui, parfois, peut s'étendre sur toutes les choses, est une marque de la fatalité ? Et, s'ils ne l'ignorent pas, savent-ils encore que la fatalité, chacun la porte en soi, comme une grâce et que c'est à nous de la réaliser ?"
Paru en 1943, ce texte tout en élégance exhale un parfum ténu qui nous semble aujourd'hui ne rien devoir à la fatalité. Madeleine Bourdouxhe y défriche une route où la femme, lasse de lisser ses plumes, prend son envol dans un ciel empli de promesses où la liberté ne doit rien au sexe mais tout à l'harmonie.
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