AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Domichel


Cela fait longtemps, très longtemps que nous avons fait la connaissance d'Isa. dans « Les Passagers du Vent » version traite négrière. Puis sa descendance en Louisiane avec « La Petite Fille Bois-Caïman », et aujourd'hui environ un siècle après « La Fille sous la dunette », retour en France, avec Clara (Zabo) le jour des obsèques de Jules Vallès au Père-Lachaise. Une petite Bretonne, Klervi, débarque à Paris pour se placer, comme on disait alors. La pauvre arrive sans parler le moindre mot de français. Alors qu'elle est malmenée par deux « apaches », Clara l'aide à se sortir de ce mauvais pas et la prend en charge quelque temps. Trois ans plus tard elles se retrouvent dans les rues de Montmartre et cette fois Clara l'extirpe des proxénètes de la Butte…

Pour le dessinateur emblématique de la série que nous connaissons depuis bientôt 40 ans, les retrouvailles sont toujours l'occasion de sublimes pages illustrées de main de maître. Il y a longtemps que Bourgeon s'est affranchi d'un nombre imposé de cases dans une page (Hergé le faisait déjà en son temps), et quand une action s'impose, il lui accorde la place qu'il faut. Les personnages sont toujours très réalistes et s'il excelle dans l'architecture et les décors, il reste malgré tout, avec le charme qu'elle induit, une “petite gaucherie” dans le dessin des visages, que le l'artiste n'a jamais quitté. C'est bien égal, quand on ne recourt pas à l'ordinateur, il ressort toujours une fraîcheur dans le dessin qui ne se pare pas d'artifices. J'ai lu par ailleurs que Bourgeon avait passé presque trois mois pour reconstituer la maquette en volume du quartier où évoluent ses personnages, c'est dire s'il rend le cadre idéal pour les aventures des deux amies en cette fin de siècle. Les perspectives ou les plongées sont impressionnantes et l'artiste exprime là tout son talent.
Le scénariste excelle autant qu'avant et la richesse de sa documentation lui permet de nourrir son histoire pour le plus grand bonheur des lecteurs. Croisant des célébrités de l'époque, de Bruant à Lautrec ou Renoir, on assiste à une véritable leçon d'histoire à travers la vie difficile des petites gens de Paris, et au-delà, des aspirations légitimes d'un peuple opprimé qui s'exprime aussi par les chansons au goût de sang et de cerises…

Il ne reste plus qu'attribuer un bon point aux deux auteurs qui n'en font qu'un et espérer qu'il nous livre la suite bien vite.

Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}